•  
  •  

Psaume 91  (90) Seigneur, tu es ma tour et ma forteresse

O  Celui qui fait du Très-Haut sa demeure secrète,            
A     Fait du Tout-Puissant sa meilleure cachette.

O  Oui Seigneur: tu es ma tour et ma forteresse,
A     Mon Dieu j’ai confiance en tes promesses.
 
O  Le Seigneur t’arrache au piège des chasseurs            
A     C'est lui qui te délivre du filet de l'oiseleur,
O  Quand la peste et ses ravages se rallument            
A     Le Seigneur te couvre de ses plumes.  

O  Ses ailes t’offrent une bonne couverture            
A     Sa fidélité est un bouclier et une armure.
O  Tu ne craindras pas les terreurs de la nuit,            
A     Ni la flèche qui vole lorsque le soleil luit.  

O  Que mille tombent à ton côté, et dix mille à ta droite,
A     Rien ne t'arrivera même si la mort te convoite.
O  Aucun malheur, aucun fléau n'approchera de ta maison,
A     Car il chargera ses anges de te garder en toute saison. 
 
O  Ils te porteront sur leurs mains, toi qui es poussière,
A     De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
O  Tu marcheras sans crainte sur le lion et la vipère
A     Tu piétineras le tigre et le dragon dans son repère.  

O  Puisqu’il m’aime et s’attache à moi, je le délivrerai.
A     Puisqu’il me connaît, s’il m’appelle, je lui répondrai.
O  Je serai avec lui dans la détresse et le rassasierai de jours 
A     Et je lui ferai voir mon salut, il vivra pour toujours.

Commentaire  Le psaume du Tentateur
Le psaume 91 (90) convie le croyant à une table ronde où Dieu lui-même a pris place ainsi qu'un un prêtre qui souligne la force et la portée de la parole de Dieu. Le thème du Psaume est celui de la confiance: Celui qui croit en Dieu a fait le bon choix! Car Dieu protège celui qui l'aime. A en croire les Evangiles, c'est le psaume préféré du Tentateur qui connaît tellement bien la Bible qu’il ne cesse de la citer. Cela devrait nous mettre en garde d'ailleurs de ne pas trop l'imiter!

On se rappelle en effet les récits de la tentation de Jésus dans Matthieu 4 et Luc 4: «Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas, car il est écrit: Dieu enverra ses anges, ils te porteront sur les mains de peur que ton pied ne heurte une pierre.»

La troisième tentation
(dans l’évangile de Luc) touche au cœur de la religion. Le Diable a amené Jésus au faîte du Temple, ce qui signifie symboliquement le plus haut degré, le sommet de la religion, de la sainteté, de la spiritualité.
Le Tentateur laisse entendre que la religion, la foi, la spiritualité donne un pouvoir sur Dieu. C’est donc à cela que servirait la religion ? A nous donner des ailes ? A n’avoir peur de rien, à ne plus craindre ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole le jour ? Avec la foi ou le baptême, comme vernis protecteur, nous aurions donc reçu une assurance-vie qui nous fera échapper aux épreuves que connaissent les non-croyants ? Le diable suggère à Jésus d'utiliser ce pouvoir: Le pouvoir de la religion.

Ci-contre: Jésus foulant aux pieds le lion, l'aspic, le dragon et le basilic
Ivoires sculptés de Genoels - Elderen (B)
Fin du 8e siècle
Musées royaux d'Art et d'Histoire, Bruxelles 

Ci-contre: Evangéliaire d'Eternach (11e s.) Les Tentations du Christ

En utilisant une vieille méthode qui a déjà fait recette dans le Jardin d’Eden, le diable, celui qui divise, qui cherche à séparer l'homme de Dieu en instillant le doute à l’intérieur de son esprit dit à Jésus: "Dieu n'a-t-il pas dit ?" Et la suite on l'entend tout aussi clairement: "Oblige donc Dieu à sortir de sa réserve et à intervenir pour te sauver… S’il ne le fait pas, c’est qu’il ne t’aime pas contrairement à ce qu’il affirme dans le psaume 91. Dieu ne s’engage-t-il pas à nous délivrer, à nous sauver ? Alors vérifie par toi-même si cet engagement est sérieux où si ce ne sont là que paroles en l’air suggère le diable. Jésus va lui clouer le bec en nous donnant au passage une leçon d'exégèse: "Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu répond Jésus. Tu ne le défieras pas!  Tu ne l'utiliseras pas! Tu n'abuseras pas de sa patience! Mais tu respecteras son mystère en l'aimant et en lui faisant confiance de tout ton cœur, de toute ta force, de toute ta pensée... C'est cette parole-là qui doit éclairer toutes les autres et qui éclairera ton chemin, même si celui-ci doit passer par la détresse, ce que le Psaume 91 n'exclut d'ailleurs pas. Un Psaume qui est bien à ranger dans les Psaumes de confiance, non pas dans les armes à utiliser  contre un Dieu d'amour qui a accepté de prendre la condition humaine et de mourir sur une croix pour nous ouvrir le chemin de la Vie nouvelle et éternelle. C'est d'ailleurs par le pouvoir de la croix qui manifeste l'amour de Dieu que le Christ foule véritablement aux pieds les bêtes, réelles ou issues de l'imagination humaines, qui représentent les armes du Tentateur.

Le Psaume 91
en musique

Je vous propose d'écouter le Psaume 91 œuvre tardive du célèbre compositeur allemand d'origine juive Giacomo Meyerbeer (1791-1864) de son vrai nom
Jakob Liebmann Meyer Beer.

Seul psaume mis en musique par Meyerbeer, il a été créé en 1853 à Berlin.
Giacomo Meyerbeer, surtout connu pour ses opéras, a connu des débuts difficiles en Allemagne et à Vienne. il connaît ses premiers succès en Italie  où il finit par triompher avec Il crociato in Egitto (1824) qui est créé à Venise. Suit une longue période à Paris où s’est déroulée une grande partie de sa carrière. Robert le Diable (1831) et Les Huguenots (1836) remportent un triomphe absolu. Ses œuvres sont considérées comme fondatrices du « Grand opéra français». Malgré (ou peut-être à cause de) ses succès éclatants, il fut très critiqué, notamment par Schumann et Wagner qui l’accusèrent de rechercher l’effet pour l’effet, au détriment des véritables valeurs musicales et dramatiques. Cependant, presque tous les compositeurs d’opéras du XIXe siècle ont été influencés par Meyerbeer : le jeune Wagner lui-même l’imitera dans Rienzi avant de s’en affranchir et de l’attaquer, ainsi que de Felix Mendelssohn Bartholdy dans son essai antisémite Das Judenthum in der Musik (littéralement La Judéité dans la musique 1850) considéré comme un des jalons importants dans l'histoire de l'antisémitisme allemand.

Quant à Verdi, il admirait Meyerbeer et ne ratait jamais une première de ses opéras. La carrière française du compositeur, seulement interrompue par un séjour malheureux à Berlin, fait montre d’une remarquable longévité. Meyerbeer est le premier Allemand à avoir été nommé commandeur de la Légion d’honneur.

La Tour du château de La Tour-de-Peilz, ma commune d'origine, dont la devise est: Deu est ma Tour et ma forteresse