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Psaume 126  (125) Celui qui sème dans les larmes...

Benn

1953

Il va et vient
pleurant
jetant la semence

Il reviendra
chantant
portant
ses gerbes

Quand Le Seigneur ramena les déportés
         Nous étions comme ceux qui font un rêve
Sur nos visages apparurent rire et gaîté 
         Et sur nos lèvres des chants qui s’élèvent

Alors autour de nous tout le monde disait: 
         Le Seigneur a fait pour eux des merveilles !
Oui l’intervention de Dieu nous a stupéfaits
         Et nous étions dans une joie sans pareille.

Fais revenir tous nos captifs Seigneur, 
         A la vitesse des torrents dans le désert
Ils moissonnent en chantant de bonheur
         Ceux qui ont jeté une semence de misère

Car il s'en va en pleurant, en pleurant,
         Le semeur quand il porte la semence;
Mais il revient, le moissonneur, en chantant, 
         Portant ses gerbes au milieu des danses.

« In convertendo » Psaume 126 de la bible hébraïque (125 de la liturgie) Le psaume 126 (125) a une fortune musicale hors du commun ! De nombreux musiciens français au tournant du 18e siècle, puis européens et aujourd’hui de partout ont mis en musique ce psaume. Je vous propose d’écouter pour commencer le grand motet In convertendo du grand musicien français Jean-Philippe Rameau (1683-1764).  

Le Psaume 126  de Jean-Philippe Rameau


Le motet, composé avant son arrivée à Paris en 1723 est la dernière des trois compositions religieuses qui puisse être attribuées avec certitude au compositeur marqué par l’esprit du siècle des Lumières. Rameau a été pendant plus de quarante ans organiste professionnel au service d'institutions religieuses, paroissiales ou conventuelles et pourtant sa production en termes de musique sacrée est des plus réduites - sans parler de l'œuvre d'orgue, inexistante.
Les deux autres motets que nous lui connaissons sont « Deus noster refugium » d'après le Psaume 45 et « Quam dilecta » qui reprend les paroles du Psaume  83 (84) (vers 1713-1715).

La musique de Rameau est gracieuse et entraînante mais elle s'accorde mal avec les paroles graves du psaume, comme si le compositeur, bien que représentant du style français « classique » associé à l'image du pouvoir absolu de Louis XIV, opposé à l'esprit des Lumières, intégrait parfaitement certaines caractéristiques de son époque au moins sur le plan religieux.

Il semble en effet établir une distance « critique » entre les notes de sa musique et les mots de la prière. Dans ses motets, le texte « sacré » est ainsi ramené à sa plus simple expression, Rameau privilégiant un ou deux versets au détriment de l’ensemble des strophes. D’ailleurs ces trois motets pour grand chœur, solistes, orgue et orchestre, antérieurs aux grandes pièces profanes qui ont fait la célébrité du compositeur, ont probablement été le plus souvent joués comme pièces de concerts que comme musique d'église.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous propose d’écouter entre autre :
Michel-Richard de Lalande (1657-1722)
Sebastien de Brossard, (1655-1730)
Charles-Hubert Gervais (1671-1744)
Jules Van Nuffel (1883-1954)

Franz Listz
, 1811-1886 
Johannes Brahms (1833-1899) a utilisé les versets 5 et 6 du psaume 126 "Qui seminant in lacrimis" dans le premier mouvement du Requiem Allemand.
On écoutera aussi avec intérêt l’œuvre du compositeur brésilien
José Maurício Nunes Garcia (1767 -1830)