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Psaume 104 (103) dialogué
Tu envoies ton souffle et les voici vivants!

Psaume dialogué O = Officiant A =Assemblée

O  Allez, mon âme, reconnais la bonté de Dieu!       
A        Oui Seigneur tu es génial et prodigieux! 

O  Avec ton manteau de lumière, tu as fière allure,       
A        Tu déploies les cieux comme une tenture
 
O  Tu étages au-dessus des eaux tes demeures       
A        Les astres et la foudre sont tes serviteurs     
O  Tu te sers des nuages comme d’un équipement       
A        Et tu te ballades sur les ailes du vent.
 
O  Pour toi, tous les êtres sont importants
A        Tu reprends leur souffle et les voilà poussière!
O  Tu envoies ton souffle et les voici vivants!
A        Tu renouvelles ainsi la face de l’Univers.
 
O  Que l'amour de Dieu soit inébranlable,
A        Et que le Seigneur se réjouisse de ses actions!
O  Que mon poème et mon chant  te soient agréables
A        Et que la  joie remplisse ta Création.  

Cyclone Katrina
en 2004
vu de l'ISS


Tu étages au-dessus des eaux tes demeures       
Les astres et la foudre sont
tes serviteurs     

Tu te sers des nuages
comme d’un équipement       
Et tu te ballades sur les
ailes du vent.


Depuis longtemps on a rapproché le Psaume 104  de l’hymne d’Aménophis IV – Akhenaton, (le père de Toutankhamon), Pharaon de 1364 à 1347 env
L'auteur du Psaume, plus récent, disposait sans doute du texte écrit égyptien probablement connu en Canaan, qui avait alors de nombreux échanges avec l’Égypte (cf. les lettres de tell el Amarna). La version biblique du Psaume peut être une ultime version d’un hymne cananéisé et transmis dans le culte Jérusalémite. D’autant plus que, en Égypte même, une nouvelle dynastie (Séthi 1 ; Ramsès II…) va effacer les traces de « l’hérésie » amarnienne.
En effet Akhénaton a tenté une révolution politico-religieuse radicale, déplaçant la capitale égyptienne de Thèbes en une ville (Tell el Amarna) construite de toute pièce et imposant le culte du Dieu solaire ATON (le disque solaire) en opposition aux prêtres d’AMON, autre forme du dieu solaire.


- Il est tout aussi apparent que l’auteur de Genèse 1/1-2/4a s’est guidé sur ce Psaume 104 pour son « chant de la création. »

- Comme son modèle égyptien, le Psaume est une louange du créateur, de sa grandeur et de sa puissance de vie.

- Il apparaît assez aisément que le souffle/esprit est évoqué dans le psaume sous les deux aspects qui sont apparus en Genèse 1-2 : Les vents sont des instruments de Dieu pour la création du « cosmos », de l’univers connu par les hommes de l’antiquité. Le souffle est ce qui donne vie. Le psaume insiste sur le caractère d’outils ou de serviteurs de Dieu des vents.

- Cette fusion des deux aspects semble se faire dans le Psaume.                                   Nefertiti et Akhénaton, Musée du Louvre
En effet l’hymne égyptien ne parle pas de la création cosmique,
mais adore le soleil dans son mouvement astral : il se lève et le jour fait vivre :

" Tu apparais, parfait, à l’horizon du ciel
Disque vivant qui est à l’origine de la vie
Quand tu te couches dans l’horizon occidental
La terre est dans les ténèbres, comme dans la mort. »


Cependant le psalmiste veille à ramener le soleil, objet du culte égyptien, au statut d’une créature fonctionnelle au service de Dieu : Psaumes 104/19 

D’autre part, le psalmiste se sert de représentations cananéennes pour présenter l’action créatrice de Dieu, qui, avant toute choses, construit sa propre demeure au-dessus des eaux primordiales puis intervient à travers la tempête pour organiser un monde vivable.

Hymne d’Aton d’Akhenaton 

Tu te lèves beau dans l'horizon du ciel,
Soleil vivant, qui vis depuis l'origine.
Tu resplendis dans l'horizon de l'Est,
Tu as rempli tout pays de ta beauté.
Tu es beau, grand, brillant. Tu t'élèves au-dessus de tout pays.

Tes rayons embrassent les pays, jusqu'aux confins de ta création.

Toi qui es Rê, tu les soumets tout entiers, 

Les liant tous pour ton fils aimé.
Tu es loin, mais tes rayons sont sur la terre.
Tu es sur le visage des hommes, et l'on ne connaît pas tes venues.

Quand tu reposes à l'Occident, sous l'horizon,
La terre est dans une ombre, semblable à celle de la mort...
À l'aube, tu resplendis dans l'horizon, tu illumines, toi le soleil ;
Dans le jour, tu chasses le noir lorsque tu donnes tes rayons.
Les Deux Pays s'éveillent en fête, les hommes se lèvent sur leurs pieds,

À cause de toi, ils lavent leur corps, prennent leurs vêtements ;
Leurs bras s'ouvrent pour adorer ton lever,
La terre entière fait son ouvrage...
Tu développes le germe dans les femmes
Et de la semence fais des hommes,
Entretenant le fils dans le sein de sa mère,
Et l'apaisant pour qu'il ne pleure pas ;
Nourrice dans le sein,
Tu donnes à ce que tu crées le souffle qui l'anime.
Quand l'enfant sort du sein... le jour de sa naissance,
Tu ouvres sa bouche et tu pourvois à ses besoins...
Combien nombreuses sont tes oeuvres mystérieuses à nos yeux !
Seul dieu, toi qui n'as pas de semblable,
Tu as créé la terre selon ton cœur, alors que tu étais seul,
Les hommes, toutes les bêtes domestiques et sauvages,
Tout ce qui est sur la terre et marche sur ses pieds,
Tout ce qui est dans le ciel et vole de ses ailes ;
Les pays étrangers, Syrie et Nubie, et la terre d'Égypte,
Tu as mis chaque homme à sa place
Et tu pourvois à leurs besoins.
À chacun sa provende et son temps de vie.
Leurs langues sont diverses en paroles,
Leurs caractères aussi et leur teint diffère ;
Tu as distingué les contrées.
Tu crées le Nil débordant des Enfers et le fais surgir par amour
Pour que vivent les habitants, puisque tu les as faits pour toi,
Tous les pays les plus lointains, tu les fais vivre,
Tu leur as donné un Nil qui déborde du ciel
Pour descendre sur eux, battre les coteaux de ses ondées
Et arroser leurs champs entre leurs villages.
Tu es seul à resplendir sous tes aspects de soleil vivant ;
Que tu apparaisses à peine ou que tu sois au comble de l'éclat,
Que tu sois loin ou te rapproches,
Tu as créé des millions de formes de toi seul,
Villes et villages, les champs, les chemins et le fleuve...
Les êtres de la terre se forment sous ta main comme tu les as voulus.

Tu resplendis, et ils vivent ; tu te couches et ils meurent.
Toi, tu as la durée de la vie par toi-même, on vit de toi.
Les yeux sont sur ta beauté jusqu'à ce que tu te couches.
Depuis que tu as fondé la terre, tu les élèves pour ton fils,
Issu de ta chair, le roi des deux Égyptes. 

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