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!!!!  Les nouveautés se trouvent désormais directement à l'intérieur de mon site... bonne découverte!​​​​​​​

Conférences (voir la présentation sous Art et foi conférences): 
2018 Iran au carrefour des civilisations, au coeur de l'actualité
2019 Apulie romane, trésor d'art et d'histoire  
Rapport 2019 de l'aumônier en EMS  
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Dialogue interreligieux
Sortie organisée par le MCDA à la Maison des religions à Berne à l'occasion de la semaine des religions en novembre 2018
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Le Notre Père a été modifié!!
Faut-il dire : 
« Ne nous soumets pas à la tentation » ? 
Les catholiques francophones ne diront bientôt plus "ne nous soumets pas à la tentation », mais "ne nous laisse pas entrer en tentation". Les protestants vont-ils suivre ? Contrairement au compromis œcuménique passé en 1966, dans la foulée du concile Vatican II, la nouvelle version liturgique nous met devant le fait accompli. Certains responsables d’Eglises francophones irrités de ne pas avoir été intégrés à la réflexion ont demandé un délai avant de décider de reprendre la nouvelle formulation. Du côté catholique, si la "Bible de la liturgie" contient déjà la nouvelle formulation, l'entrée en vigueur du nouveau Missel - étape liturgique - est reportée d'année en année ceci pour d'autres raisons que la nouvelle formule du "Notre Père". Dans le même temps, tous manifestent une volonté d’entrer dans une démarche œcuménique constructive, afin d’éviter qu’il y ait désormais deux ‘Notre Père’: un catholique et un protestant”. Le Synode de notre Eglise prendra une décision en novembre. Dimanche 22 octobre, à Glion et Clarens, en partant du récit de la ligature d'Isaac, j'ai a proposé une prédication sur le thème de la sixième demande du « Notre Père » suivi d’un moment de partage à la salle de paroisse où chacun a pu partager réactions et questions. Un moment trop court, c'est pourquoi ci-dessous vous trouverez le petit dossier de quatre pages préparé pour l'occasion ainsi qu'un certain nombre de d'interventions et de réactions. Mes remerciements vont à Olivier Favrod qui m'a fourni une grande partie des documents utilisés
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Maurice Denis, le Sermnon sur la montagne

Pour aller plus loin
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Dans les rubriques indiquées, vous trouverez les dernières "nouveautés"




























Psaume 47 (46) dialogué   
C’est un rempart que notre Dieu
Au chef de choeur. Des descendants de Koré, pour sopranos, chant.

O    Dieu est pour nous un abri sûr, une forteresse
A         Il est notre refuge, il nous met hors d’atteinte
O    Il est un secours toujours prêt dans la détresse.
A         C'est pourquoi nous sommes sans crainte.

O    Même si la terre est ébranlée et bouillonne,
A         Si les montagnes s'écroulent au fond des mers,
O    Même si les flots grondent les vents tourbillonnent
A         Nous sommes sans peur, car Dieu règne sur la terre !

O    Un cours d'eau répand la joie dans la cité de Dieu,
A         Dans la plus sacrée des demeures du Très-Haut.
O    La citadelle tiendra bon car Dieu est en son milieu.
A         Dès que le jour se lève, il la protège du chaos.

O    Les empires s'ébranlent, les nations grondent…
A         Mais Dieu donne de la voix, et la terre oscille.
O    Venez voir ce que le Seigneur a fait dans ce monde
A         Devant ses actes stupéfiants, tous vacillent.

O    Il met fin aux combats jusqu’au bout de la terre,
A         Il casse l'arc, brûle le bouclier, brise le javelot,
O    Il débarrasse les peuples des armes de guerre.
A         Il pulvérise par le feu tous les chariots.
O    Sachez que je suis Dieu ! Lâchez les armes !
A         Devant lui les nations voient leur faiblesse
O    Les éléments naturels font taire leur vacarme
A         Dieu, pour nous, est vraiment une forteresse.



Un trésor spirituel dans des vases d’argile
2 Corinthiens 4: 6-16 dialogué
















O = Officiant  A = Assemblée
O   Dieu dit : « Que la lumière brille du milieu de l'obscurité! »
A        Oui Seigneur, fait briller ta lumière dans nos cœurs !
O     Ouvre-nous à la connaissance lumineuse de ta gloire,
A        Cette gloire divine qui resplendit sur le visage du Christ.
O   Nous portons ce trésor comme en des vases d'argile,
A        Afin que la puissance de Dieu se manifeste en nous.
O    C’est pourquoi, nous ne perdons jamais courage
A        Pressés de toute part. nous ne sommes pas écrasés ;
O   Accablés par tant de souffrances mais pas abattus,
A        Dans des impasses, et pourtant nous arrivons à passer
O   Nous pouvons être désemparés, mais pas désespérés
A        Car la vie de Jésus se manifeste dans notre existence fragile
O   Et même si nous voyons que notre être extérieur dépérit,
A        Notre être intérieur se renouvelle de jour en jour.
O   Notre objectif n’est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas;
A        Ce qui se voit passe, mais ce qui ne se voit pas est éternel.
                                                                                                Amen


Un trésor spirituel dans des vases d’argile... à Qumrân


Il y a 70 ans, l'incroyable découverte des manuscrits de la mer Morte

Ils étaient cachés depuis 2000 ans dans les grottes de Qumrân, en surplomb de la mer Morte.

Enroulés dans des jarres, ces manuscrits renfermaient des textes bibliques datant de l'époque de Jésus-Christ...


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Khalil Iskandar Sahîn, surnommé Kando, se frotte les mains. Ce cordonnier de Bethléem, amateur d'antiquités, est sûr, en cette journée de printemps 1947, d'avoir fait une bonne affaire. Il vient d'acheter pour cinq petits dollars des manuscrits en peau qu'un Bédouin de la tribu des Ta'amireh aurait trouvés dans une grotte du Khirbet Qumran, près de la mer Morte. Mohammad edh-Dhi'b, ou Mohammad le Loup, un autre Bédouin de sa tribu, aurait perdu une de ses chèvres en faisant paître son troupeau dans les maigres prairies qui entourent le Qumran. L'ayant cherchée en vain à flanc de falaise, il se serait alors assis et aurait découvert l'entrée d'une grotte... au fond de laquelle il aurait jeté une pierre. Intrigué par un bruit de pot cassé, il serait revenu le lendemain pour l'explorer avec un cousin muni d'une corde.
Dans la caverne exiguë, il aurait alors découvert huit jarres et les restes éparpillés de nombreuses autres. Et dans l'une d'elles : trois rouleaux de cuir écrits à la main. Ce sont ces rouleaux, et une multitude d'autres fragments, que Kando vient d'acheter, certain qu'ils sont vieux de plusieurs siècles.
Leur écriture est mystérieu­se. Aucun des antiquaires de Bethléem auprès desquels il cherche conseil ne sait la déchiffrer. L'un d'eux, pourtant, finit par téléphoner, le 23 novembre 1947, à un ami archéologue, Eleazar Sukenik, professeur à ­l'université hébraïque de Jérusalem. Le pays est alors sur le point d'être divisé en deux Etats, juif et arabe, par l'Organisation des Nations unies. C'est donc à travers les barbelés qui séparent Jérusalem en deux qu'il lui présente quelques fragments acquis par Kando. L'archéologue demande à voir d'autres pièces.
Un bus arabe le mène le matin du 29 novembre à Bethléem, où il rencontre Kando, qui lui confie les trois rouleaux et les fragments pour les expertiser... tandis que la radio annonce la partition de la Palestine et la création de l'Etat juif. Dès le lendemain, Eleazar Sukenik se presse de tout acheter. Et pour cause : ces manuscrits sont des textes bibliques vieux de près de deux mille ans !
Par la suite, les archéologues retourneront sur les lieux de la découverte. Une collection de rouleaux et de fragments sera ainsi rassemblée, demandant des années de travail aux épigraphistes pour les décrypter. Les rouleaux poseront aussi un défi scientifique pour les lire sans les détruire. On fera notamment appel aux infrarouges pour révéler les contrastes des caractères et à la spectrométrie pour faire ressortir l'encre ancienne.
Écrits en plusieurs langues (hébreu, grec, araméen...) et à différentes époques, les manuscrits de la mer Morte précèdent d'un millénaire les plus anciens manuscrits hébreux alors connus, et livrent un nouveau regard sur l'Ancien Testament. Une manne pour les théologiens ! Ils remontent ainsi aux origines des trois grandes religions monothéistes. Leur emplacement éclaire également sur l'origine juive de Jésus. A l'époque de celui-ci, le site était habité par une secte juive d'ascètes vivant hors de la compagnie des femmes : les Esséniens, persécutés par les Romains. Sans doute ont-ils caché en vitesse ces écrits avant de fuir.
Aujourd'hui encore, le trésor contenu dans ces jarres continue d'enrichir les connaissances scientifiques. De nouvelles fouilles ont d'ailleurs été organisées sur place en 2016 !    Article tiré de Science et Vie mars 2017
               
La mort et ses rituels   Nouvelle conférence
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Gustave COURBET (1849-1850), Un enterrement à Ornens, Paris, Musée d'Orsay

« Les particules de mon corps ont 15 milliards d’années » dit un « koan » japonais. Il nous invite à méditer, ne serait-ce qu’une seconde, à ce que l’on fera de ces particules, support de notre vie, à l’heure de notre mort. Il semble en effet que l’Ars Moriendi (l’art de bien mourir) des chrétiens du Moyen-âge se perde à une vitesse vertigineuse et qu’elle fasse place à toujours plus de solitude et d’abandon. On observe une rupture inouïe dans la pratique des rites mortuaires dans une société sécularisée où l’être humain, coupé de ses racines religieuses et communautaires, est privé d’appartenance autant que d’avenir. Ainsi à l’heure de remplir le formulaire des « directives anticipées », de plus en plus nombreuses sont les personnes âgées qui déclarent ne pas vouloir de cérémonie funèbre. Parfois ce sont les familles qui décident « de ne rien faire ». Les raisons sont multiples : le grand âge, la disparition et l’éloignement des amis, la dissolution des relations familiales, sans parler de l’érosion des convictions de foi dans un monde toujours plus « laïc », qu’il conviendrait plus exactement de dire « athée ». Il y a aussi des raisons « pratiques » car on pense à tort ou à raison que cela coûte cher d’organiser une cérémonie. Et puis, on ne veut « pas déranger le pasteur », pas plus que le personnel de la maison ou la famille ».
Ainsi la « glissade » d’un service ouvert dans une église vers un service dans l’intimité se poursuit vers « plus de service du tout ». Est-ce vraiment le sort que mérite un être humain ? Il ne serait donc rien que des atomes qui, après s’être assemblés par le hasard et la nécessité dans ce qu’on appelle le corps poursuivront leur course encore pour quelques milliards d’années. Et on n’aurait pas une minute à lui consacrer pour lui rendre un dernier hommage ? Depuis quelque temps, des personnes engagées dans les soins ou dans le secteur animation des EMS ainsi que des collaborateurs des Pompes funèbres m’ont interpelé à ce sujet. Au côté d’autres personnes, j’ai accepté de partager mon expérience dans le cadre d’un « espace de parole et d’échanges pour accompagner les cheminements de vie et de deuil ». Il en est sorti une petite conférence, qui aborde tous les thèmes relatifs à la fin de la vie, des directives anticipées aux rituels - ou leur absence - entourant la mort.


Le chic et le look  Jésus chez Simon le Pharisien Luc 7:36-50

Une méditation à partir des oeuvres de Dirk Bouts l'ancien et son fils Albert

Dirk Bouts
(le vieux)
(vers 1420-1475)

Christ dans la
maison de Simon
(vers 1445)
Huile sur bois,
40,5 x 61 cm
Staatliche Museen,
Berlin


Albert Bouts
(1460-1549)

fils de Dirk Bouts
Christ dans la
maison de Simon
(vers 1490 ?)
Huile sur bois
Musées royaux
des Beaux-arts
de Belgique

C’est fou comme la mode peut changer rapidement…
Même si  comme le disait la Bruyère:" Une mode a à peine détruit une autre mode qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit et qui ne sera pas la dernière". « Les Caractères XIII». Regardez donc le tableau de Bouts «papa» En 1450, la mode, c’est de se déguiser en religieux pour figurer dans le tableau commandé au Maître. Cela passe pour être assez chic.
La scène est bien connue car elle nous est rapportée dans les quatre Evangiles, avec il est vrai de grandes variantes. L’Evangile de Luc chapitre 7, 36-50 nous rapporte que Jésus est invité chez Simon, un Pharisien qui veut le « tester ». Entre une femme de la ville « par derrière » qui se tient à ses pieds en pleurant. Elle se met à laver les pieds de Jésus de ses larmes. Elle les essuie avec ses cheveux et embrasse ses pieds. Elle verse ensuite un parfum précieux sur ses pieds. On connaît l’histoire: Simon, l’homme pieux, juste et vertueux (du moins en principe) est interloqué, choqué et rebuté. Dierik Bouts a su rendre le regard oblique sur un visage déjà marqué par les traits de la vieillesse : un regard qui exprime tout à la fois la surprise, la consternation, l’accablement : il condamne en son for intérieur l'attitude de son invité, en pensant: «Si cet homme était prophète, il saurait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, car c'est une pécheresse.» On peut se demander d’où il l’a connaît d’ailleurs, mais là n’est pas la question. Que Jésus se laisse faire, voilà bien ce qui est choquant: si c’est cela la nouveauté qu’apporte le prophète venu de Nazareth, il y a de quoi prohiber son enseignement. D’ailleurs il est soutenu par Pierre, le disciple qui se tient à sa gauche et qui a un geste clairement réprobateur. A genoux, les mains pieusement jointes dans une attitude de prière, le sponsor habillé en moine n’ose pas vraiment regarder la femme. Au contraire du pharisien et du Christ, il détourne pudiquement le regard de la scène. Mais le disciple au bout de la table, Jean à n’en pas douter, cherche à le ramener à l’essentiel: tout en le regardant il pointe son doigt vers la femme: « tu vois, semble-t-il lui dire, elle te montre le chemin à suivre ! Va et fais de même ! Aime Jésus de toute ta pensée, de toute ta force, de toutes les fibres  de ton être – il n’a peut-être plus assez de cheveux pour imiter totalement la femme. Aime et révèle Jésus comme Sauveur et Roi, comme le fait cette femme, et tu seras toi aussi pardonné et sauvé. Car c’est dans l’amour, le pardon et la foi que se trouvent le salut, non dans la loi, la morale et les exercices spirituels. Ah ! pour ceux qui douteraient que la religion puisse être une mode, il me faut ici citer Théophile Gauthier: « Mais c'est la mode maintenant d'être vertueux et chrétien, c'est une tournure qu'on se donne ; on se pose en saint Jérôme, comme autrefois en don Juan : l'on est pâle et macéré, l'on porte les cheveux à l'apôtre, l'on marche les mains jointes et les yeux fichés en terre… (Préface de Mlle de Maupin, 1835)
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                
Moins de quarante ans plus tard, la mode a tourné. Mais alors carrément, si on en croit Bouts «fiston». Dans la scène inversée, le témoin commanditaire du tableau, c’est un fils de bonne famille, ma foi, fort élégant, qui rencontrerai un succès fou auprès des demoiselles d’aujourd’hui avec son pantalon moulant bicolore, sa petite veste de velours vert et sa chemise rouge. En tous cas il ne doute de rien le dandy! Quel look! Est-ce le peintre lui-même, dont les spécialistes des Bouts pensent que nous avons là son premier tableau ? Faute de généreux mécène, s’est-il lui-même représenté?
Quoiqu’il en soit, le message résonne avec encore plus de clarté : Déjà chez papa on avait noté que le Christ était assis fort peu confortablement au bout de la table, là où on se cogne les genoux contre le pied de la table, et le gros orteil contre la traverse… Et bien sûr comme tous ces pieds – pas lavés d’ailleurs - sont nus, à l’exception de ceux du Pharisien et de son fils couverts d’élégantes bottines, cela ne peut que faire mal !! Jésus a été reçu dans la maison de Simon, mais sa place - à gauche, chez Bouts fils! - et au bout de la table, montre qu’il n’était pas vraiment désiré, seulement pour être mis à l’épreuve… Mais Jésus ne se montre pas impitoyable avec son hôte. Là où papa Bouts avait vu le fils de l’homme revêtu du manteau brun de l’humilité, le fils Bouts Drape le Fils de Dieu dans un manteau bleu royal. Jésus préside le repas qui anticipe le festin céleste. Sur la même table sont réunis les cinq pains et les deux poissons de la multiplication et le pain et le vin d’Emmaüs. Et à la table du Père tous sont conviés, la femme qui pleure d’être enfin acceptée comme un être humain à pleine part et le Pharisien qui s’est mis en chemin sous le feu des questions critiques mais remplies d’amour du Christ, sans oublier bien sûr le dandy qui s’est invité sans imaginer qu’il mettait ainsi un pied dans le Royaume.

Dirk Bouts
1420-1475
(le vieux)
Christ dans
 la maison
de Simon 1445
Huile sur bois
Copie se trouvant
à l'Hôpital
de Bruges (BE)

Une méditation de l'icône de la Trinité de Rublov

On connaît bien la célèbre icône de la trinité d’Andreï Roublov,
mais a-t-on jamais fini de la méditer??

Réalisée vers 1425, l’icône qui représente la Trinité est en fait une reprise ou mieux une méditation d’icônes plus anciennes représentant le Repas d’Abraham offert aux trois mystérieux personnages venu annoncer à Abraham et Sarah la naissance d’Isaac (Genèse 18). Dans ce texte, les trois mystérieux messagers sont appelés tantôt «hommes» au pluriel, tantôt Seigneur  (ou «Éternel») au singulier. L’Eglise chrétienne a souvent vu dans ce texte une préfiguration de la Trinité de ce Dieu trois et un et de l’Incarnation, du divin venant à la rencontre de l’homme dans l’humain (Jésus vrai Dieu, vrai homme).                    
Les personnes « hypostases » en grec, mot forgé pour décrire le mystère des trois personnes de la Trinité, sont  Le Père à gauche, le seul à tenir la tête droite. Il est celui qui préside dans l’Amour. Par leur transparence, les couleurs où domine le jaune, veulent souligner l’invisibilité du Père. Le jaune, couleur de la lumière, rappelle la première œuvre du Dieu Créateur Le bleu apparaît sous le jaune et indique le caractère céleste, immortel et inaccessible du Père   Le Fils, au centre incline la tête vers le Père en signe d’adoration. C’est le personnage habillé par les couleurs les plus fortes Le rouge, soutenu, indique la souffrance, mais aussi la royauté du Christ. Le bleu rappelle que dans le Christ, le ciel a fait irruption parmi les hommes.  L’étole d’or est le signe du lien très fort qui l’unit au père.   L’Esprit Saint à droite a une attitude d’humilité d’accueil, de réceptivité extraordinaire. Le vert indique le renouveau, de la vitalité, du printemps qui refleurit. Le bleu rappelle que l’Esprit aussi procède du Père et qu’il possède les mêmes qualités (imortalité)   Voyez comme ils s’aiment et nous aiment… tel pourrait être le résumé du mouvement de regard que les trois personnes de la Trinité de Roublov se portent.   On repèrera aussi que par le jeu du regard on observe que les personnages dessinent la forme d’une coupe, coupe de la souffrance, coupe de la victoire de l’amour.


Le repas d'Abraham
Icône grecque du 14e s
Musée Bénaki Athènes



               


    

Le Buisson Ardent de Nicolas Froment  1476

Le buisson ardent du peintre Nicolas Froment est sans doute l'un des
scènes les plus originales de la Nativité qu’il nous soit donné de
contempler. Peint en 1475-1476 sur commande du Roi René d’Anjou,
 ce triptyque monumental que l’on peut admirer dans la cathédrale
d’Aix en Provence nous présente Moïse devant un étrange buisson
formé de douze tronc d’arbres d’essences différentes sur lequel est
assise la Vierge Marie qui forme comme un trône à l’Enfant Jésus.
Le tableau central est une porte ouverte. Au dessus de la porte on
trouve une citation du livre des Proverbes 8:3.



QUI ME INVENERIT INVENERIT VITAM, HAURIET SALUTEM A DOMINO SAP
Celui qui me trouve a trouvé la vie, il puisera le salut dans le Seigneur (dit la sagesse)

Le fidèle est invité à entrer par la porte, comme le petit mouton représenté de dos  Le bélier qui sort du cadre est le Christ, chef du troupeau qui conduit le peuple de la nouvelle alliance

Refermés les volets représentent l'Ange et la Vierge de l'Annonciation, peints en grisailles.

Sur le pourtour en camaïeu d'or,
se succèdent les douze rois
d'Israël, qui forment l'arbre de
Jessé. Sur le superciel, Dieu
 le Père bénissant, le globe
de la terre dans l'autre main,
 est entouré de plusieurs
 rangées d'anges. Sur le
 volet gauche, le Roi René
est présenté par ses saints
protecteurs: Marie-Madeleine,
saint Antoine et saint Maurice. Sur le volet droit, la seconde épouse du roi,
Jeanne de Laval, est entourée elle aussi des ses saint protecteurs :
saint Jean l'Evangéliste, sainte Catherine d’Alexandrie et saint Nicolas.

L'iconographie de ce retable est complexe. Une lecture plus fine des différentes scènes fait découvrir l'existence d'un jeu de renvoi entre épisodes de l'Ancien et du Nouveau Testament.   Ainsi, le buisson ardent que Moïse a contemplé autrefois, cette révélation de Dieu sur la terre a eu lieu véritablement en Jésus, l’enfant de Noël. Le miroir que tient l’enfant buisson nous montre les visages de Marie et de Jésus entourés de flammes. Jésus est Dieu, venu parmi les hommes. Il est celui qui brule mais ne se consume pas. Il est ce buisson ardent que Moïse autrefois a contemplé sur le Sinaï.

Jésus siège
sur un double
trône évoquant
l'Ancienne et
la Nouvelle
alliance. Le
trône de la
Création
(le buisson
ardent)
renvoie à
l’Arbre du
paradis que
l’on découvre
sur le médaillon
qui ferme le
riche vêtement
de l’ange.
Le trône formé
par sa mère
Marie qui nous
fait entrer dans
la Nouvelle
Alliance.

La Création
que Dieu a
déclarée
bonne -
et même
très bonne -
a été
contaminée
par le mal
et le péché.
Le peintre
le montre de
deux façons:
d’une part, par
la composition étrange du buisson qui est composée de douze troncs d’arbres
différents et de onze essences de plantes grimpantes diverses qui participent à l’embroussaillement du buisson. Le monde sur lequel Jésus règne reste le lieu
de sa révélation, mais il est comme embrouillé par des écornifleurs qui ont beau
produire des fleurs mais restent des parasites: liserons, lierres, chèvrefeuille,
pervenche. Le médaillon qui ferme le manteau de l’Ange montre ce monde divisé
par le Serpent qui s’enroule autour de l’Arbre du Paradis. C‘est ce monde que
Jésus est venu sauver et réconcilier au travers de sa naissance et de sa mort.  

Le cadeau des mages

Le cortège des mages sarcophage paléochrétien provenant du cimetière Sainte Agnès
Rome milieu du 4e siècle

S’il y a une histoire qui me fascine depuis mon enfance, c’est bien celle des mages. Même si aujourd’hui les enfants ne savent pas ce qu’ils doivent à Gaspar, Melchior et Balthasar, la magie de Noël tient pour une bonne part  à ces personnages magnifiques autant qu’énigmatiques. Sages ou magiciens ? Voyants ou savants ? Devins ou astronomes ? Rois ou prophètes ? Le flou artistique qui les entoure depuis le deuxième siècle de notre ère a grandement contribué à leur succès. Ainsi que leurs cadeaux bien sûr. Car cela ne fait aucun doute : leurs cassettes, coffrets et autres vases déposés aux pieds de l’enfant Jésus ont contribué à leur popularité. C’est que, dans la Rome antique, on se faisait déjà des cadeaux au jour de l’an. A l’origine, cette pratique païenne consistait à offrir des plantes porte-bonheur. Puis les cadeaux se firent plus consistants : nourriture, vêtements, argent, objets précieux, meubles, furent offerts. Les Pères de l’Eglise eurent beau condamner cette pratique comme diabolique, elle se perpétua sans discontinuité jusqu’à aujourd’hui. Même la très laïque Révolution française qui y voyait une forme de corruption ne put faire disparaître la coutume des «étrennes». Il faut croire qu’au fond, enfant ou adulte, l’homme aime les cadeaux ! Ceux que l’on reçoit et ceux que l’on fait ! Et si petit soit-il, même pas plus gros qu’une fève, le cadeau nous permet de coiffer la couronne et nous transforme en roi. En offrant à l’enfant Jésus l’or, l’encens et la myrrhe les mages fournirent donc un bien bel alibi à tous les partisans des festivités liées à la fin de l’année ou au nouvel-an. Parmi les plus anciennes œuvres d’art chrétiennes, que l’on trouve à partir du 3e siècle dans les catacombes ou sur les sarcophages paléochrétiens, la représentation des mages figure ainsi en bonne place. D’une extrême simplicité au départ, les images se chargent au fur et à mesure que passent les siècles. Si l’évangile ne mentionne ni leur nom ni leur nombre, la tradition de l’Eglise va, en se fondant vraisemblablement sur les trois présents fixer leur nombre à trois. Plus tard les mages seront faits rois en référence aux textes de l’Ancien Testament qui annoncent que les rois de la terre viendront adorer à Jérusalem. Enfin on leur donnera un nom. Ces trois personnages ne cesseront d’inspirer théologies, poètes et artistes. Le chiffre trois fera fortune. On verra ainsi dans les cadeaux des mages les trois branches de la philosophie, logique, physique et éthique ; les trois langues, l’hébreu, le grec et le latin, du titulus, cloué par Pilate sur la croix désignant Jésus comme Roi des Juifs. Enfin le développement de l’iconographie fera de Melchior, un vieillard apportant l’or des rois ; de Gaspard, un jeune homme aux traits asiatiques apportant l’encens des prêtres ; et de Balthazar un adulte à la peau noire offrant la myrrhe des Prophètes. Quels cadeaux les mages n’ont-ils pas reçus en retour de leurs présents! Mais sans plaisanter, pourquoi les mages n’auraient-ils pas reçu quelque chose du petit Roi qui venait de naître ? Moi je peux fort bien imaginer, que délestés du poids des biens matériels, éphémères et vains, ils sont repartis avec ces cadeaux bien plus précieux et impérissables que sont la foi, l’espérance et l’amour. Les plus beaux cadeaux de Noël.
Joyeux Noël !                             Marc Horisberger Décembre 2012

L'astrolabe des mages

C’est quelle heure ?  
A la cour d’Akkad, Melchior s’impatientait.  
Voici des jours et des jours que le jeune Gaspar était arrivé du Kérala juché sur le dos d’un éléphant accompagné d’une suite de jeunes gens et de jeunes filles qui resplendissaient de santé et de bonté. On disait que le merveilleux royaume de Gaspar était une terre est traversée par un fleuve provenant du Paradis et qu’il possédait une végétation luxuriante. On y trouvait une incroyable variété d’arbres : des bois durs, comme l'ébène, le palissandre ou l'acajou dont les artisans faisaient des instruments de musique, mais aussi des palmiers, des orangers, des bananiers. Sur les marchés, des fruits de toutes sortes, ananas, carambole, mangues, litchis, kaki ou nèfles se mêlaient aux épices aux diverses senteurs, girofle, muscade, gingembre, curcuma coriandre et anis dans une exubérance  de couleurs et de senteurs. Quant à la résidence de Gaspar, elle émergeait au milieu d’un ruissellement de bougainvilliers, de roses et de d’orchidées. Mais surtout, dirigé avec sagesse, ce pays ne connaissait pas de pauvres. Le vol, la cupidité et le mensonge étaient inconnus.  

Une autre cortège était arrivé de Kaffa.
Plus modeste. Il était conduit par un homme à l’allure altière appelé Balthasar, au teint aussi sombre que l’étrange boisson qu’il faisait goûter à ses hôtes. Elancé comme ceux de son peuple qui l’accompagnait on aurait dit qu’ils volaient tant leurs pieds ne semblaient pas toucher terre lorsqu’ils se déplaçaient.Ils étaient venus à pied, traversant les vallées désertiques qui débouchent sur la mer des joncs. De là ils avaient pris de frêles esquifs et avaient abordé dans ce pays qu’on nommel’Arabie heureuse. Puis sur des dromadaires, ils avaient traversé ce terrible désert remplis de cailloux tranchants et de serpents venimeux. Balthasar pourtant ne semblait ne pas avoir été épuisé par ce voyage. Au contraire ne disait-il pas : «en avançant on se sentait devenir de plus en plus fort et en passant par le val des épineux, sur ces buissons qui déchirent les mains, on a récolté la myrrhe».
Et il aimait réciter cette prière:
   Fais-nous passer par le désert, Seigneur              
   Conduis-nous vers ton désert              
   Que nous puissions découvrir tout au bout de nous-mêmes               
   Dans la vérité de l’étendue désolée
   Dans l'eau ruisselante de ta bénédiction               
   Dans la pureté de l’absence               
   Que tu es là, Seigneur.  

C’est quelle heure ?
Melchior s’impatientait. Si demain à la même heure Kubihan n’est pas arrivé, nous partirons sans lui! Il faut le comprendre Melchior, prince d’Armakande. Régnant sur une minuscule terre aux confins de l’Arménie et de la Perse, il avait très tôt renoncé à se faire appeler roi. Les rivières de son pays charriant d’innombrables pépites d’or, il était immensément riche. Mais alors que d’autres auraient utilisé cette manne providentielle pour lever des armées, Melchior consacrait toutes ses ressources à promouvoir les sciences et les arts. C’est ainsi qu’il avait créé sur l’Irartu un observatoire lui permettant d’observer le ciel avec le secret espoir d’y trouver le Seigneur de l’Univers. «Levons nos yeux et élevons nos cœurs» aimait dire Melchior pour qui la science allait de pair avec la quête du divin. Sa sagesse, bonté, son respect de tous forçait l’admiration. "On peut avoir la science des hommes et des dieux, disait Melchior, mais si on n’a pas l’amour, on est comme un airain qui résonne".

Tiens! à propos d’airain qui résonne, savez-vous que Melchior est le premier à avoir pu donner l’heure au milieu de la nuit ?  - Comment me direz-vous? Tout simplement en associant une clepsydre – une horloge à eau - avec une cloche et un marteau qui frappe celle-ci lorsqu'il n'y a plus d'eau dans la clepsydre. Il paraît même que les Athéniens auraient adopté ce système dans leur tour des vents sur l’Agora.  C’est pour cette raison que finalement  chacun acceptait que Melchior soit un obsédé de l’heure. Mais s’il avait décidé de ne plus attendre le quatrième compagnon qui devait venir des confins de l’Asie, c’est que comme il aimait le dire : «le Temps presse.» Cela faisait bientôt neuf mois qu’une nouvelle étoile était apparue dans le ciel de Melchior, cette étoile qui l’avait décidé de réunir en congrès les astronomes les plus renommés de son temps. Mais elle était sur le point de disparaître à l’horizon… Il fallait à tout prix la suivre et donc partir sans plus attendre. Mes chevaux sont rapides dit Melchior. On laissera donc au palais les éléphants, les dromadaires et les chameaux.

Balthasar toutefois était inquiet. Est-ce qu’on allait aussi voyager la nuit ? Kubihan avait promis d’amener avec lui la fabuleuse boussole récemment mise au point dans son lointain pays. Sans boussole pouvait-on se diriger et voyager de nuit ? C’est alors que Gaspar sortit d’un sac une sorte de disque plat gravé de mille lignes...  - Ne crains rien Balthasar, avec cet instrument, pas de problèmes… on sait toujours où on est !  Balthasar était penché sur l’étrange instrument : un astrolabe ! Il en avait déjà entendu parler mais lui qui ne connaissait que les obélisques et les cadrans solaires pour marquer les heures du jour il avait de la peine à croire qu’on puisse vraiment donner l’heure pendant la nuit avec un tel instrument ! Balthasar ajouta : et en fait juste pour voir comment ça marche Gaspar, c’est quelle heure ? Une voix sonnante et autoritaire se fit alors entendre : C’est l’heure de partir ! Melchior avait donné l’ordre que tout le monde attendait et c’est ainsi que guidé par l’astrolabe, les mages firent route vers Jérusalem.

C’est quelle heure ?
Une voix dure et métallique, tranchante comme l’épée résonnait dans le palais. Le roi Hérode avait beau dire que les bureaux étaient fermés, sa secrétaire, au péril de sa vie essayait de lui faire entendre raison. - O grand roi les visiteurs qui se sont présentés à ta porte prétendent être déjà en retard pour fêter le petit roi des Juifs qui vient de naître. Guidé par les études qu’ils font des astres, et par une nouvelle étoile, ils sont venus lui rendre hommage.
- Un petit roi, un nouveau roi, un autre roi ? Le sang d’Hérode ne fit qu’un tour… Il fit lever la herse et baisser le pont levis et les mages pénétrèrent dans la cour du palais d’Hérode le Grand à Jérusalem. Hérode assis sur son trône étincelant d’or et de pierres précieuses leur dit… - Alors comme cela les étoiles vous parlent ??? Laissez-moi rire ! Tout le monde sait que l’astrologie n’enrichit que les Madame Soleil qui embobinent ceux qui les croient ! Visiblement, votre science, si pointue soit-elle, vous égare. Nous autres Juifs, faisons confiance aux Ecritures… d’ailleurs les spécialistes me disent qu’un roi doit naître à Bethléem, mais je pense qu’ils confondent  l’avenir avec un passé idéalisé ! C’est mon prédécesseur David qui fait encore rêver les nostalgiques d’un royaume d’Israël indépendant. Moi je suis ami de César, et de roi des Juifs je n’en connais qu’un: Moi !
Bon les amis… allez voir à Bethléem et venez au rapport ! Pour moi c’est l’heure d’aller dîner en compagnie de mes danseuses. Les heures supplémentaires je ne supporte plus… à mon âge.

C’est quelle heure ?  
Melchior était anxieux : l’astrolabe avait-il trompé Gaspar ? Pouvait-on vraiment faire confiance à cet instrument, à la science des hommes?  19h. pile ! répondit Balthasar qui s’était emparé de l’astrolabe et pointait l’étoile nouvelle. Les bureaux d’Hérode sont fermés depuis 2 heures… mais le roi des Juifs nous attend…  Allons donc à Bethléem...

Mais c’est quelle heure ?
La voix fatiguée d’un homme qui semblait à bout de force résonnait dans l’étable. Depuis que l’enfant était né, l’étable n’avait pas désempli. D’abord des bergers en haillons puis les gens du voisinage, des femmes, des enfants, des vieillards et des infirmes, des illettrés et des lettrés, des religieux, un officier romain, des pauvres et même un riche, des fous, des sages et maintenant … des étrangers ??? Au milieu de la nuit ???
Le vieux Melchior descendit de son cheval et dit : Ami Joseph, qu’importe l’heure ? Gaspar pourrait te donner minute après minute, de jour comme de nuit  l’heure exacte avec la précision d’un chronomètre suisse, mais est-ce bien là l’heure qui compte ?
Devant l’enfant, l’enfant de Marie, ton enfant… nous venons déposer nos trésors:
l’or des monts Irartu, les encens de l’Orient, la myrrhe de l’Arabie.
Et moi devant le fils éternel, je vais déposer mon souci de l’heure.

C’est quelle heure ?
Mais c’est l’heure du Seigneur de l’Univers!
L’heure de la Grâce,  
L’heure des cadeaux,
L’heure de la foi,
L’heure de la confiance
L’heure de l’espérance
L’heure de la paix
L’heure du bonheur
L’heure de la joie sur la terre comme au ciel
C’est l’heure de Noël  

Joyeux Noël   Marc Horisberger décembre 2012

Exit dans les EMS? Dépassionner le débat

Ci-dessous un lien vers
l’émission du samedi 25 février 2012 à laquelle j'ai participé
Invités:
- Thierry Collaud, Professeur d'éthique à l'Université de Fribourg
- Marc Horisberger, pasteur et aumônier en EMS, Eglise évangélique réformée du canton de Vaud
- Jérôme Sobel, Médecin et président d'Exit Suisse romande

Un débat animé par Aline Bachofner


Les Béatitudes revisitées

Brême (D)
Cathédrale
Les Béatitudes des pauvres
Composition

Voir aussi
le commentaire détaillé
des Béatitudes
dans la rubrique
du même nom

O    Bienheureux ceux qui mordent la poussière
A       Ils mordront à pleines dents le Règne de Dieu

O    Bienheureux les humiliés et les doux:
A        Ils auront l'humus et la douceur en héritage

O    Bienheureux ceux qui pleurent aux limites de la condition humaine:
A        Ils découvriront l'Esprit de consolation et la limite du mal.
O    Bienheureux ceux qui ont faim et soif d'ajuster leur vie au projet de Dieu:
A        Ils seront rassasiés de sa présence dans leur vie.
 
O    Bienheureux ceux qui tourne leur coeur vers la misère des autres:
A        Dieu sera à leur écoute lorsqu'ils connaîtront la misère

O    Bienheureux ceux qui cherchent à connaître Dieu de tout leur coeur
A        Ils feront partie du plus proche entourage de Dieu

O    Bienheureux ceux qui travaillent d'arrache-pied à créer la paix
A        Dieu les adopte dès maintenant comme ses filles et ses fils

O    Bienheureux ceux qui souffrent parce qu'ils se conforment au projet de Dieu,
A        En renonçant à
l'esprit de ce monde, il reçoivent l'Esprit de Dieu

Prier avec les Béatitudes

Prière de Pardon du dimanche 15 janvier 2012
Culte dominical de la paroisse de La Tour-de-Peilz

CAVE CANEM


Attention chien méchant.
Attention travaux.
Attention chute de pierres.
Attention route glissante.
Partout, des appels à l'attention.

Mais où sont les appels à l'attention
que nous devons aux autres :
les appels à la délicatesse,
les appels au respect,
les appels au partage ?

Je suis distrait, Seigneur.
Comment pourrais-je les entendre, ces appels,            Pompeï, Casa del Poeta Tragico
enfermé dans mes rêves,                                           CAVE CANEM "Prends garde au chien"
quand je suis préoccupé par ma santé,

          écrasé par la souffrance
          épuisé par mon travail,
          fasciné par la télévision…
          Pardon, Seigneur.

          Et tes appels, Seigneur, les tiens,
          les petits signes que tu m'adresses
          à travers les gens proches ou lointains,
          les grands signes que tu m'adresses,
          à travers tes anges ou tes témoins,
          à travers le message de ton Evangile,
          à travers les invitations à la prière,
          tous ces appels qui souvent
          ne rencontrent que mon indifférence…
          Pardon, Seigneur.
He Qi Gethsémané

Apprends-moi, je t'en prie,
à être attentif
à tant d'attentes
à tant de détresses,
à tant d'espérances autour de moi.

Apprends-moi aussi
à déceler tout ce qui est bien
derrière ce qui est mal,
tout ce qui se cherche
derrière tout ce qui semble acquis,
tout ce qui est neuf
derrière tout ce qui est vieux,
tout ce qui bourgeonne
derrière tout ce qui se fane,
tout ce qui vit
derrière tout ce qui meurt.

Montre-moi, Seigneur,
l'enfant sous le vieillard,
la plage sous les pavés,
le soleil sous les nuages,
et toutes les soifs cachées :
Dean Mitchell "En écoutant le Seigneur"




         la soif de pureté,
         la soif de vérité,
         la soif d'amour,
         la soif de Toi, Seigneur.

         Affine mon regard,
         réveille ma capacité d'amour,
         ouvre grand mon cœur,
         aiguise mon attention,
         développe mes attentions,
         tourne-moi vers les autres,
         tourne-moi vers Toi, Seigneur.
         Amen.




         La discipline spirituelle  (auteur inconnu)

Psaume 39 (38) pour le dimanche 15 janvier 2012
Seigneur écoute ma prière sois attentif à mes cris

Dean Mitchell  Rowena (1990)


Igor Strawinsky
Symphonie de Psaumes
Les psaumes 39: 13-14, 40: 1-2 et 150

http://www.youtube.com/watch?v=Nhk96KX6I6I

voir le commentaire sous la rubrique "Psaumes"
D'après Pablo Picasso Guernica (détail)

Au chorège. De Iedoutoun. Chant. De David  

O   Je me suis dit: je garderai sur ma bouche un bâillon,
A     Je ne dirais pas un mot qui puisse me mettre en tort.

O   Je suis donc resté muet, j’ai surveillé mes réactions.
A     Face à mes adversaires, je me suis montré fort.

  
O   Mais ma douleur est devenue insupportable,
A    J’étais comme consumé par un feu intérieur.

O   Ma langue a fini par s’exprimer, c’était inévitable,
A    Dis-moi comment tout cela va finir Seigneur ?

  
O   J’aimerais savoir combien de temps j'ai à vivre, 
A    Fais-moi connaître la durée de mon sursis.

 O   Devant toi, ma vie est comme un bateau ivre
A    Elle a la largeur d’une main aux contours imprécis.
 
O   L'homme va et vient mais sa vie est à peine un reflet
A    Il s'agite, il amasse, mais il ne sait qui recueille
O   C’est pourquoi Seigneur,  épargne-moi les camouflets
A    Car mon espérance est en toi, Dieu qui m’accueille.

 
O   Ecoute ma prière Seigneur, prête l’oreille à mes cris !
A    Que je retrouve le sourire au milieu de mes larmes,

O   Car je ne suis chez toi qu’un étranger, un proscrit,
A    Sur le point de s’aller et de rendre les armes. Amen

Introduction dialoguée  (Job 4,12)

O = Officiant  A = Assemblée 
 
O       Un message m'est parvenu comme en secret
A           Mon oreille en a saisi le murmure
O       A l’heure où les rêves semblent être concrets
A           Pendant les visions d’une nuit obscure

O       Une sorte de souffle glissa sur ma face
A           Quelqu'un se tenait là, devant moi

O       Mes yeux ne voyaient qu’une ombre fugace
A           Il y eut un silence; et j'entendis sa voix


Eugène Delacroix, 1855 - 1861
Lutte de Jacob
avec l'Ange
Peinture à l'huile et cire sur enduit 
Paris, Eglise Saint Sulpice

Paul Gauguin (1848-1903)
La vision après le sermon
ou la lutte de Jacob avec l'ange 1888

Prière simple

Je voudrais me taire, Dieu éternel, et t’attendre
Dans le silence que je fais au fond de moi
Je voudrais me taire Seigneur et t’entendre
Reconnaître le frémissement de ta voix.  

Je voudrais me taire, Parole de Vie, et comprendre
Je suis si lent à saisir et je ne possède aucune foi,
Je voudrais me taire, Maître de Vérité, et apprendre
A distinguer en ce monde la parole qui vient de toi

La Tombe du plongeur à Paestum

La scène du plongeur, sujet pratiquement inconnu de l’antiquité, montre un jeune homme nu en train de plonger dans l'eau. Cette scène orne la face interne du couvercle de la tombe. Il s’élance vers l’eau, en volant par-dessus ce qu’il ne faut pas prendre pour un plongeoir. C’est une construction faite de blocs de pierre, les fameuses « Colonnes d'Hercule », les limites du monde connu à l'époque. Situées au bout du monde, elles séparent le monde des vivants du monde des morts. Les hommes ne peuvent avoir accès à la connaissance de ce qui est dans l’océan de la mort car on ne revient généralement pas des enfers (tout le monde n’est pas Orphée, lui-même incapable de sauver son Eurydice). Cette scène et celles qui l’accompagnent à l’intérieur de la tombe, le symposium ou banquet funéraire est inséparable de la croyance en une forme de survie après la mort.

Nouveau paragraphe

La confrontation entre la scène du plongeur et le symposium est ce qui fait l’intérêt de la tombe du plongeur : Le plongeon en mer et le banquet sont associés dans la tombe. Dans le plongeon, il faut voir une métaphore de la mort, expérience qui dépasse le rationnel, comme l'érotisme et l'ivresse qui sont les sujets des quatre parois peintes de la tombe. Sur les cotés longs de la tombe, les peintures représentent en effet des convives allongés sur des lits qui ont l’air d’être tout sauf tristes. Ils s'adonnent aux plaisirs du symposium (du grec sympino boire ensemble), en écoutant de la musique, en buvant du vin et en se laissant aller à l’extase. Le symposium permet de s'abstraire des réalités contingentes, d'aller au-delà du rationnel, en s'abandonnant à l'ivresse non seulement du vin, mais aussi de la musique et de l'amour.

Ainsi on peut voir dans le plongeon le dernier rite d'initiation ouvrant vers l’au-delà. La mer, salée, incorruptible est purificatrice par excellence. Le bain, et par extension la simple aspersion, procurent la participation à une force régénératrice et fécondatrice. Le plongeon est ainsi la répétition symbolique de la naissance qui permet le passage à l’« homme nouveau ». Le jeune homme franchit donc les portes de la mort et plonge dans l’océan de la connaissance à la manière d’un athlète et peut-être en était-il un. Une façon courageuse et optimiste de voir la mort qui, si elle est profondément ancrée dans une vision païenne et méditéranéenne  des choses ne manque pas d’interpeller les rites chrétiens du baptême et de la cène.