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Jour 5   Lundi 10 août 2015   Meurtres et mystères
Yekatrinbourg
La dernière demeure de Nicolas II Tsar de Russie et de sa famille
Yekaterinbourg,  première ville de Russie au-delà de l’Oural, passé au petit matin… Paysages du Jura, un univers bucolique, quelques troupeaux de vaches dans la lumière de l’aube entrevue par la fenêtre… 500 m au dessus de la mer… à tout casser ! L’Oural n’est pas l’imposante muraille que j’imaginais. Mais de l’autre côté, s’ouvre un autre monde appelé l’Eurasie.  Arrosée par l’Isset, affluent de la Tobol,  l’ancienne Sverdlovsk – du nom d’un communiste de la première heure qui aurait ordonné le meurtre de la famille impériale - s’ouvre à nous. Sauf qu’elle a repris un nom moins bolchevique : elle s’appelle désormais Yekaterinburg.

Carnet de voyage
La ville a été fondée en 1672 par des dissidents de l’Eglise orthodoxe russe. Déjà l’exil… Mais surtout c’est ici qu’ont été assassinés les Romanov, le dernier Tsar de Russie, Nicolas II et sa famille. Quatre très belles jeunes et innocentes filles et le Tsarévitch Alexis dans des conditions atroces. Ils étaient tenus en garde à vue par les Bolcheviks dans une maison bourgeoise de cette première ville de Sibérie où leurs prédécesseurs envoyaient leurs opposants. Puis un jour l’ordre est venu: Tuez-les tous … mais en douceur…  Alors leurs gardiens les ont réunis « en douceur », pour faire une photo de la famille impériale. Au lieu de la photo, les balles ont giclés tuant sur le coup Nicolas II et le Tsarévitch Alexis. L’impératrice et ses quatre filles protégées par leurs corsets ont été achevées à la main, à la baïonnette. Un bain de sang, l’horreur absolue.
De l'église de Tous-les-Saints-sur-le-Sang-Versé, construite entre 2000 et 2003 sur le lieu de la maison Ipatiev où a eu lieu l'assassinat de la famille impériale et plusieurs de leurs domestiques, le 17 juillet 1918, nous allons à 17 km de là, où leurs corps ont été transportés. Dans une forêt, ils ont été dépecés, brûlés et dispersés dans 17 endroits différents. Là dans une forêt obscure se dressent désormais 17 chapelles. Je suis profondément républicain et démocrate, mais j’ai allumé un cierge à la mémoire de toutes les victimes de mort violente. Personne ne mérite de mourir dans ces conditions. Même pas le pire des criminels. Surtout pas quatre belles jeunes filles dont le seul tort était d’être les filles d’un Tsar. Je ne peux pas adhérer à cette violence même si je comprends la haine et le surcroit de violence engendrée par un système archaïque, féodal, fondé sur la discrimination et l’exploitation de tout un peuple. Empereur où misérable, tous ne partagent-ils pas la même condition humaine ? Toute ma vie, j’aimerais lutter pour que chaque être humain, homme ou femme, profite de la liberté, et de l’égalité (des enfants de Dieu comme le dirait l’apôtre Paul). Peut-être qu’avec le temps, comme en Angleterre ou ailleurs, un passage en douceur entre l’Empire et la démocratie aurait pu avoir lieu ? Ce drame laisse pourtant ouverte la question: Les démocraties modernes auraient-elles pu voir le jour sans Robespierre ou Lénine ? Sans les deux G : la guillotine et le goulag.

Après la visite des lieux saints, retour sur terre, ou plutôt … sous terre ! Dans un restaurant mythique où se trouvent réunis à la fois ce qui a fait la fortune de Yekaterinbourg, la fonte, et les trésors de la Sibérie… peaux d’ours et autres loups ou renards. Quelques célébrités nous y ont précédés.. Dimitri Medvedev et une certaine Angela…

Svetlana, notre charmante guide, parfaite francophone mais qui pour rien au monde ne quitterai sa ville grise, nous fait alors visiter sous la pluie sa charmante cité. En fait il n’y a rien a voir, sinon des cadenas rouillés accrochés à la barrière du barrage qui a fait la grandeur d’Yekaterinbourg, cette grande ville industrielle d’un million et demi d’habitants. L’ancienne Sverdlovsk qui contribua grandement à la victoire de l’Union soviétique sur l’Allemagne fasciste – ici on ne parle jamais des Allemands ni des nazis, mais toujours des fascistes ! – restera pour moi une ville à ne visiter qu’une fois dans sa vie, en pèlerinage sur les lieux d’un crime qui discréditera pour moi à jamais le communisme bolchévique.

La journée s’achève sur une tour : en face du vieux Savoy de l’époque Intourist que nous occupons, se dresse désormais un hôtel 5***** qui nous permet d’observer la première? ou deuxième ville de Sibérie… Je laisse le soin aux habitants de Novossibirsk et d’ Yekaterinbourg de décider entre eux de la question.