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Dieu n'a pas de religion

Il y a quelques jours, je prenais le café avec le personnel d’un EMS lorsque la conversation est arrivée sur le sujet des requérants d’asile et d’une manière plus large sur la place des étrangers en Suisse. Un petit bruissement agitait le groupe pendant que l’on parlait ensemble lorsque soudain quelqu’un me dit : « l’étranger ici c’est vous » ! Après vérification des nationalités de chacun il s’est avéré qu’en effet, j’étais le seul Suisse autour de la table. Et aussi bien entendu le seul protestant. Etranger dans son propre pays, minoritaire au plan de l’appartenance confessionnelle dans un pays où il n’y a pas si longtemps les protestants vaudois étaient largement majoritaires ! Pour certains de mes contemporains, cela doit sans doute ressembler à un cauchemar. Moi je trouve cela passionnant, comme un beau défi à relever pour mon pays et pour mon église! Comment accueillir ces nouveaux venus, comment leur transmettre ce qui nous tient le plus à cœur. Et je me rappelle aussi que les quatre grands Réformateurs de Genève représentés sur le mur qui porte leur nom étaient tous « étrangers ». Et je me rappelle que Jésus n’était ni vaudois ni protestant. Et je me rappelle que le « bon Samaritain » de la parabole traînait avec lui le même cortège de préjugés que beaucoup d’étrangers dans mon pays qui pourtant sont nombreux à accomplir comme lui, les mêmes gestes d’amour dans les hôpitaux ou les EMS. Et je me rappelle que la Terre est toujours promise, jamais acquise, toujours prêtée, jamais donnée. Et je me rappelle que chacun, Suisse ou étranger est fils et fille d’un même Père, d’un même Dieu d’amour. Car Dieu n’a pas de religion, il est amour.