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Vous trouverez ici des articles portant sur des sujets d'actualité
ou reflets de mes rencontres en EMS

  • Ralentir   ... une réflexion sur l'automne ... de la vie!
  • Aux limites de l'être: l'espérance et la vie (réflexion)
  • Pas bête ...l'âne!
  • Inscrire mon enfant au catéchisme
  • Ouvrir m'apporte
  • Des cérémonies laïques?
  • Une république laïque?
  • Monter Descendre
    Méditation sur l'Ascension et la Pentecôte
  • Dieu n'a pas de religion
  • Mourir seul
  • J'en ai marre!
  • Sentiers de montagne, sentiers de vie
  • L’homosexualité : un fait et un mystère
  • L'affaire des carricatures de Mahomet: entre blasphème et liberté

J’aime le panneau qui se dresse à l’entrée de l’EMS
« le Phare Elim » à La Tour de Peilz.
Il nous vient des pays anglo-saxons et s’offre comme un écho au signal
«Attention – enfants» installé à proximité des écoles.
Pas encore officiellement confirmé en Suisse,
il nous invite à offrir aux personnes âgées la même sécurité qu’aux enfants et
nous ne pouvons que souhaiter la multiplication de ces signaux aux abords
des institutions pour personnes âgées.  

Mais qui est invité à ralentir ? La personne âgée qui entre en EMS ?
Le conducteur qui pénètre sur la propriété ?
Ce qui est sûr c’est que ce panneau donne à réfléchir !  
Pour la personne qui entre en institution il s’agit sans souvent d’une douloureuse question… d’acceptation! Car l’âge est à l’image de l’automne.
La nature ralentit, les feuilles tombent, les arbres sont mis à nus.

Et si on est contraint d’entrer en EMS,
c’est bien que les pertes se sont multipliées: la rapidité, la souplesse,
la vue, la mobilité, la mémoire, les relations,
les amis et tant d’autres choses disparaissent petit à petit.


Le livre du Qohélet au chapitre 12 nous livre une description poignante de ces pertes.  
la lune et les étoiles se ternissent,
l'homme vigoureux se courbe,
les meunières cessent de moudre par manque de compagnie,
la femme renonce à paraître à sa fenêtre le bruit du moulin baisse,
le chant de l'oiseau s'éteint, toutes les chansons s'évanouissent.
On a peur de gravir une pente, on a des frayeurs en chemin,
les cheveux blanchissent comme l'aubépine en fleur,
l'agilité de la sauterelle fait défaut, les épices perdent leur saveur.  


Mais pour moi, automobiliste ou non, si souvent tyrannisé par le temps,
essayant sans cesse de tout caser dans un agenda qui déborde
comme la valise sur laquelle on s’assoit pour la fermer,
le signal danger résonne comme une suggestion salutaire.  

Dans ce monde où, en un clic de souris, il est possible de commander
à l’autre bout du monde un article qui, envoyé par avion,
sera à votre porte après-demain, je suis invité
à faire l’éloge de la lenteur,
à renoncer au contre-la-montre et à chercher ma tortue intérieure.  

Une vie au ralenti n’a rien à voir avec une vie qui perdrait son sens.
Beaucoup de panneaux de signalisation routière portent en eux le message inverse:
la vitesse tue plus sûrement que la vieillesse.

En apprenant à prendre le temps, à savourer la vie,
je trouve en elle ce qu’elle a de meilleur.
Mais en fait, l’automne où la vie ralentit…
n’est-ce pas aussi la saison des fruits ??  
La vie au ralenti doit ainsi résonner
plutôt comme une promesse :
Si les enfants couraient chacun de leur côté,
dans notre panneau plein de tendresse
et d’humanité, l’homme et
la femme marchent ensemble,
chacun bénéficiant d’un appui.  
La vie au ralenti me permet
de prendre conscience que
je ne suis pas seul.

Elle m’invite à prendre le bâton du
pèlerin et de la foi, à marcher au rythme de l’espérance et du moins rapide et à découvrir avec lui la valeur de la solidarité et la force de l’Amour.

Il faut bien l’avouer, personne n’a envie d’entrer en EMS. Tout est fait pour retarder l’échéance tant redoutée qui sonne comme le glas d’une vie autonome au milieu de tout ce qui fait la vie : une maison, un logement, des meubles, un quartier, des amis, de petites habitudes qui ont parfois plus de 50 ans d’âge. Parfois même, en plus de tout le reste, c’est une vie de couple qui s’achève inopinément. Et cela va fréquemment de pair avec la perte de sa propre identité, ce deuil des souvenirs et de soi-même qu’il faut faire de son vivant, si on se voit frappé d’un déclin des facultés cognitives et mentales comme un Alzheimer, par exemple.
Entre le temps et l’éternité : la cinquième dimension ?

Alors l’EMS ne serait-il qu’une zone crépusculaire ? Un lieu où, comme Giuseppe Corte, le héros de la nouvelle Sette piani (Sept étages) de Dino Buzzati, on ne peut que, de malentendu en malentendu, poursuivre une lente descente vers ce dernier étage où toutes les fenêtres se ferment l'une après l'autre. Un lieu d’angoisse où on fait la queue, placés entre la quatrième dimension et l'au-delà. Arrivé à ce point je vous entends protester… Mais quel sombre tableau vous dressez là ! Non l’EMS n’est pas un mouroir ! Tout est fait pour que l’EMS soit un lieu de vie. De fait, souvent, en poussant la porte d’un établissement, je découvre un lieu de lumière où un nombre incalculable de belles rencontres se déroulent et de belles choses sont vécues tous les jours. Alors je vous répondrai bien volontiers par l’affirmative : c’est vrai, le monde des institutions que je fréquente est marqué sans aucun doute par l’amour du prochain - ou de l’humain, si on veut une version plus laïque de l’agapè chrétienne.
L’EMS lieu de vie

 C’est vrai, chaque jour je suis témoin d’un déploiement de vertus théologales ou cardinales hors du commun: chacun, du personnel soignant au personnel technique, de la cuisine à la direction, met son intelligence et son savoir-faire, son énergie et sa patience au service d’une seule cause : le bien-être de chaque résident. S’il fallait dire ce qui naît, ce qui éclot, ce qui croît en EMS, il faudrait décrire une infinité de gestes du quotidien de tant d’acteurs, pour la plupart anonymes, qui ont le sentiment de ne faire que ce qu’ils doivent. Mais au-delà des compétences requises et du cahier des charges, ils y mettent  tant de talent et de cœur que l’on ne peut s’empêcher de parler d’amour. En cela, l’EMS mérite pleinement son appellation de « lieu de vie ». Lieu d’une profonde humanité qui permet parfois aux personnes aigries par la vie ou amères face à leur passé de trouver une tendresse inconnue jusque-là et un apaisement inattendu.  
Miroir de la condition humaine

Mais si l’EMS moderne n’est pas un mouroir, il est bien un miroir ! Miroir de la condition humaine qui se déroule dans un monde déchiré où se mêlent le bien et le mal, la beauté et l’horreur, la bonté et la cruauté. Miroir de la condition humaine soumise à la finitude et à ce douloureux privilège de la connaissance et de la conscience de soi. L’Homme est le seul être à savoir qu’il va mourir. Et si, comme l’animal, il sait réagir face au danger imminent, s’il sait maîtriser ses peurs face à un danger réel et immédiat, la perspective de la mort l’angoisse. Car la mort, si prévisible, échappe totalement à une quelconque maîtrise. Bien sûr, l’homme peut repousser les limites de la vie, développer la médecine et les thérapies de toutes sortes. Grâce à l’organisation politique d’un Etat stable, il peut améliorer les conditions de vie des plus fragiles, mais il ne peut pas empêcher l’échéance. Quelle réponse apporter alors à l’angoisse bien humaine du néant que représente la mort ? L’heure serait-elle venue de s’enivrer, comme le demandait le physicien Hubert Reeves dans un ouvrage resté célèbre ? S’enivrer pour oublier ? Pour s’abrutir comme on peut le faire au match, dans toutes sortes de divertissements ou devant la télé ? Oublier notre sort tragique en oubliant jusqu’à sa propre existence puisque de toute façon elle est soumise au néant ?  
La Visitation, expérience de l’Esprit
L’Evangile, depuis deux mille ans, offre une toute autre réponse. Aux limites de l’être, ce n’est pas le néant qui nous est réservé. Mais la vie ! Bien sûr, j’entends aussi ceux qui disent que la religion n’est qu’une illusion pour aider celui qui y croit à mieux avaler l’amère pilule de sa finitude. Mais le mirage de l’éternelle jeunesse qu’une certaine chirurgie esthétique promet à ses clients, ou encore, celui de l’immortalité que le possible clonage humain laisse envisager valent-ils mieux ? Notre société qui a troqué le spirituel contre le matériel  fait-elle le bon choix ? Ce que j’aime dans l’Evangile, c’est qu’il préfère la visite à la lettre (même sacrée), la rencontre à la loi, l’expérience aux théories. Aux limites de l’être, ce n’est pas le néant qui nous est réservé, mais la vie. C’est l’expérience d’Elisabeth qui découvre à un âge avancé, que dans son corps vieilli, usé, fini, la vie est là, plus forte que les stigmates du temps passé. Comme la mère de Jésus, elle a fait l’expérience de l’Esprit. Cet Esprit qui traverse toute vie de son souffle et fait littéralement exister l’être humain, en lui permettant de trouver sa source et sa force intérieure et ce qui, en lui, peut résister au néant. Marie et Elisabeth nous ouvrent dans ce que l’on appelle la Visitation un chemin d’espérance. A travers l’épaisseur de deux ventres et bientôt hors d’elles, c’est la vie qui bondira, qui débordera jusqu’à submerger les cœurs et les empires !  
L’EMS, lieu d’espérance

Cette puissante expérience est comme confirmée par ces grands témoins du temps de l’Avent et de Noël que sont le prêtre Zacharie, époux d’Elisabeth, Syméon l’homme fidèle et juste, et Anne la prophétesse. Ces figures éminentes du début de l’Evangile de Luc, ces quatre personnes âgées représentent la foi vivante au milieu d’une tradition sclérosée en panne d’espérance, celle du judaïsme palestinien du premier siècle. Aujourd’hui encore, dans les EMS que je visite, se dressent de tels témoins. Malgré l’abandon de la foi chrétienne par une société laïque et consumériste qui oublie ses racines, malgré les souffrances et les détresses physiques ou psychiques qu’ils endurent, ils continuent à porter en eux la foi, l’espérance et l’amour. Leur témoignage est fort. Fort d’une fidélité à toute épreuve. Fort d’une ouverture à l’Esprit vivifiant qui ouvre un chemin de lumière et de paix intérieure. Comme Zacharie et Syméon, comme Anne et Elisabeth qui ouvre sa porte à la jeune Marie, nos fidèles aînés continuent à se laisser visiter par l’Esprit et à laisser grandir en leur sein l’espérance et la vie! Marc Horisberger  

Dino Buzzati, Sept étages (original I sette piani 1937), Paris, Robert Laffont, 1995
Hubert Reeves, L’heure de s’enivrer, Paris, Le Seuil, collection « Science ouverte », 1986

Pas bête ... l'âne!

Pas bête ...l'âne! C'est un des trois animaux qui, dans la Bible, est doué de la parole. Si, par ses paroles venimeuses, le serpent de Genèse 3 fait tomber l’humanité dans les affres du doute et de la désobéissance, l’ânesse de Balaam sauve son maître en voyant plus clair que le voyant le plus réputé de tout l’Orient ! Elle n’a pas besoin de boule de cristal pour voir l’ange que le mage ne voit pas. Un joli pied de nez à toutes les Madame Soleil de l’histoire. Une belle réhabilitation pour cet humble animal qui sera aussi aux premières loges à Bethléem lors de la naissance de Jésus et à Jérusalem, le jour des Rameaux, lors de l’entrée triomphale du Christ qu’il porte sur son dos. Que personne ne méprise donc l’âne : le Seigneur en a besoin.

Franz Mark
ânes

Il y a cinq mille ans, en Nubie, au sud de l’Egypte, les hommes domestiquaient l’onagre, ancêtre de l’âne connu pour ses spectaculaires ruades. Fort apprécié depuis comme moyen de transport, l’âne est encore le principal véhicule dans de nombreux pays.

Poppée, l’épouse de l’empereur Néron faisait traire chaque jour cinq cents ânesses qui venaient de mettre bas pour se baigner dans leur lait. L’âne porte une multitude de noms témoignant de l’affection ambigüe que l’homme lui a portée au cours des millénaires.

Il faut dire que si l’âne a rendu d’innombrables services, son caractère lui a valu toutes sortes de moqueries. Il est connu que l’âne n’en fait qu’à sa tête et qu’il a le don d’exaspérer celui qui ne partage pas sa qualité première : la patience.

"Si les nations avaient le bon sens des ânes !" dessin de l’Emergency Peace Campaingn’s No forein war crusade, Etats-Unis 1937

Inscrire mon enfant au caté

Plaidoyer pour donner à nos enfants une identité religieuse
qui structure leur être intérieur

L’été est la période où les parents sont invités à inscrire leurs enfants au
Culte de l’enfance ou au catéchisme. Les parents vont-ils laisser traîner la lettre?
En parler avec leur enfant ou l’inscrire d’office, considérant
qu’il doit avoir une identité religieuse claire?
Car un des enjeux est bien celui-là.

Un monde sans repères
Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui connait un
immense brassage de cultures, de religions, d’idées et de
valeurs au point que nous ne savons plus
quels sont nos repères et nos points d’attaches.
La violence devient «normale», la dictature des standards de beauté
pousse à la superficialité, l’emprise du virtuel tord la perception de la réalité.
Le comportement et les valeurs n’ont plus d’autre norme que l’individu lui-même.
Comment s’orienter dans un univers où s’effacent les limites
entre le virtuel et le réel, le permis et l’interdit, le bien et le mal?
Dans cet environnement, quelle chance l’enfant a-t-il de se forger
une identité, de devenir un homme ou une femme accomplis,
bien dans sa peau et dans sa tête?

Les outils de la foi chrétienne
Je suis persuadé que la foi chrétienne et la catéchèse en particulier
offre des outils à l’enfant pour lui permettre de se construire et plus tard
de se guider dans ce monde chahuté. Pour cela, l’Eglise ne devra pas
négliger les forces de notre société moderne qu’il ne faudrait pas réduire
aux difficultés énumérées plus haut. Citons pêle-mêle: l’ouverture d’esprit,
la valorisation de la créativité, les progrès de la psychologie et le
perfectionnement des approches pédagogiques. L’identité religieuse
peut se construire autour de trois axes qui comptent parmi les
fondements de la catéchèse de notre Eglise.

Un décentrement Un premier axe offre un décentrement:
la foi, en nous reliant à Dieu, donne un point de repère fondamental.
Ce qui vient en premier, ce n’est pas moi, c’est le «Tout Autre»,
situé ailleurs qu’en moi. Dans ce décentrement, la Bible joue les
premiers rôles. Le texte biblique m’interpelle et me force à écouter
une parole qui va à contre-courant des idées reçues. Ce premier axe
permet aux enfants de développer des racines avant de pouvoir pousser
des branches. Il donne de la profondeur avant de donner de la surface.
Il offre un fondement capable de donner du sens à la vie.

Une communauté de dialogue
Un deuxième axe autour duquel se construit l’identité
est celui du groupe, de la communauté, où devrait régner le dialogue.
La foi n’est pas l’adhésion à un système de pensée
à prendre en bloc au risque de sacrifier intelligence
et liberté de pensée. Elle se construit plutôt en chemin,
au gré des rencontresqui permettent de forger des convictions
mais aussi d’intégrer les questionnements nouveaux.
La foi n'offre pas de solutions toutes faites,
elle ouvre un chemin, un espace à la parole, un lieu où réfléchir.
L’identité religieuse est ici moins liée à la conversion qu’au
pèlerinage et au chantier permanent vécu en dialogue
avec ceux qui cherchent Dieu.

Enfant de Dieu
Un troisième axe autour duquel se construit l’identité est la découverte de
mon statut d’enfant de Dieu. C’est Dieu qui me confère mon identité. C’est
en me confiant en lui que je prends conscience que je suis un être, unique,
précieux, aimé pour moi-même, utile. Ni nombril du monde,
ni rebut de la société… juste moi!
La foi, qui ouvre à l'espérance d'une vie au-delà des limites humaines,
me fait découvrir dans cette vie, la valeur de l’amour,
de la foi et de l’espérance, comme antidote au mépris,
au néant et à la désespérance.

Une structure intérieure
La foi chrétienne offre des points de repères qui sont loin d’être ringards,
obsolètes ou dépassés. Dans un esprit d’ouverture, de partage et de tolérance,
la catéchèse donne aux enfants et aux jeunes plus qu’une identité religieuse
de surface, mais une structure intérieure qui se révélera être d’un précieux
secours dans l’environnement de ce siècle.
         

L’été est la période où les parents sont invités à inscrire leurs enfants au
Culte de l’enfance ou au catéchisme. Les parents vont-ils laisser traîner la lettre?
En parler avec leur enfant ou l’inscrire d’office, considérant
qu’il doit avoir une identité religieuse claire?
Car un des enjeux est bien celui-là.

Un monde sans repères
Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui connait un
immense brassage de cultures, de religions, d’idées et de
valeurs au point que nous ne savons plus
quels sont nos repères et nos points d’attaches.

La violence devient «normale», la dictature des standards de beauté
pousse à la superficialité, l’emprise du virtuel tord la perception de la réalité.
Le comportement et les valeurs n’ont plus d’autre norme que l’individu lui-même.
Comment s’orienter dans un univers où s’effacent les limites
entre le virtuel et le réel, le permis et l’interdit, le bien et le mal?
Dans cet environnement, quelle chance l’enfant a-t-il de se forger
une identité, de devenir un homme ou une femme accomplis,
bien dans sa peau et dans sa tête?

Les outils de la foi chrétienne
Je suis persuadé que la foi chrétienne et la catéchèse en particulier
offre des outils à l’enfant pour lui permettre de se construire et plus tard
de se guider dans ce monde chahuté. Pour cela, l’Eglise ne devra pas
négliger les forces de notre société moderne qu’il ne faudrait pas réduire
aux difficultés énumérées plus haut. Citons pêle-mêle: l’ouverture d’esprit,
la valorisation de la créativité, les progrès de la psychologie et le
perfectionnement des approches pédagogiques. L’identité religieuse
peut se construire autour de trois axes qui comptent parmi les
fondements de la catéchèse de notre Eglise.

Un décentrement Un premier axe offre un décentrement:
la foi, en nous reliant à Dieu, donne un point de repère fondamental.
Ce qui vient en premier, ce n’est pas moi, c’est le «Tout Autre»,
situé ailleurs qu’en moi. Dans ce décentrement, la Bible joue les
premiers rôles. Le texte biblique m’interpelle et me force à écouter
une parole qui va à contre-courant des idées reçues. Ce premier axe
permet aux enfants de développer des racines avant de pouvoir pousser
des branches. Il donne de la profondeur avant de donner de la surface.
Il offre un fondement capable de donner du sens à la vie.

Une communauté de dialogue
Un deuxième axe autour duquel se construit l’identité
est celui du groupe, de la communauté, où devrait régner le dialogue.
La foi n’est pas l’adhésion à un système de pensée
à prendre en bloc au risque de sacrifier intelligence
et liberté de pensée. Elle se construit plutôt en chemin,
au gré des rencontresqui permettent de forger des convictions
mais aussi d’intégrer les questionnements nouveaux.
La foi n'offre pas de solutions toutes faites,
elle ouvre un chemin, un espace à la parole, un lieu où réfléchir.
L’identité religieuse est ici moins liée à la conversion qu’au
pèlerinage et au chantier permanent vécu en dialogue
avec ceux qui cherchent Dieu.

Enfant de Dieu
Un troisième axe autour duquel se construit l’identité est la découverte de
mon statut d’enfant de Dieu. C’est Dieu qui me confère mon identité. C’est
en me confiant en lui que je prends conscience que je suis un être, unique,
précieux, aimé pour moi-même, utile. Ni nombril du monde,
ni rebut de la société… juste moi!
La foi, qui ouvre à l'espérance d'une vie au-delà des limites humaines,
me fait découvrir dans cette vie, la valeur de l’amour,
de la foi et de l’espérance, comme antidote au mépris,
au néant et à la désespérance.

Une structure intérieure
La foi chrétienne offre des points de repères qui sont loin d’être ringards,
obsolètes ou dépassés. Dans un esprit d’ouverture, de partage et de tolérance,
la catéchèse donne aux enfants et aux jeunes plus qu’une identité religieuse
de surface, mais une structure intérieure qui se révélera être d’un précieux
secours dans l’environnement de ce siècle.

Ouvrir m’apporte !  
Que de questions devant une porte fermée…
Porte d’un immeuble gris ou d’une ravissante villa,  porte d’un jardin clôturé de hauts murs, d’un EMS… Qu’y a-t-il derrière ? Qui vais-je rencontrer si je sonne, si je frappe ?   L’énigme de la vie est comme une porte fermée… Qui suis-je? Qui est Dieu? Comment le monde a-t-il été créé ? Quel est le sens de ma vie? Qu’y a-t-il y a après la mort ? Certains cherchent la clé du mystère dans les astres, d’autres dans la religion. Des scientifiques épluchent le vivant dans des éprouvettes, explorent l’espace ou dépiautent l’atome. Mais on a beau reculer les limites de la connaissance, l’énigme de la vie reste entière.   Ouvrir ma porte ! Au fond, la porte décisive, la seule dont je détienne la clé, c’est peut-être celle-là : la porte de ma vie, de mon cœur, de mon être intime. Et celui qui se présente comme La Porte (Jean 10) nous invite à nous ouvrir, à Lui ouvrir : « Voici je me tiens à la porte et je frappe !» (Apocalypse 3, 20). Et s’il suffisait d’ouvrir et d’accueillir. Ne verrais-je pas les autres portes s’ouvrir ?  Les portes de l’amour et celles de mon prochain. Les portes de l’espérance, de la paix et de la joie, tant il est vrai qu’… Ouvrir   …m’apporte !

Des cérémonies laïques ?
L’esprit du temps est à la «laïcité». Un mot qui ne concerne pas les personnes engagées avec conviction dans nos églises et qui ne sont pas «ministres». Non ! Dans le langage courant du temps présent, le mot «laïcité» désigne une pensée qui s’est affranchie de toute forme institutionnelle d’une religion. Pour ne pas dire de toute foi, de toutes convictions religieuses. C’est dans ce contexte qu’il faut entendre la naissance de l’expression «cérémonies laïques». Quel ministre n’a-t-il pas entendu des personnes lui dire lors de la préparation d’un mariage ou d’un service funèbre : «surtout ne parlez pas trop de Dieu»? Des pasteur(e)s ont d’ailleurs choisi de sortir de leur Eglise pour offrir des «cérémonies laïques» aux gens qui ne veulent pas entendre parler d’un Dieu auquel ils ne croient plus. Cette démarche s’inscrit dans un esprit d’ouverture, une passion pour l’être humain et le refus d’un «compromis». A l’heure où de plus en plus de personnes disparaissent sans cérémonie, on peut saluer l’effort de ces (ex)collègues qui contribuent à maintenir un peu d’humanité dans notre monde aux mutations rapides. Mais l’Eglise et ses ministres sont clairement interpellés par cette évolution. Doit-on renoncer à l’aspect chrétien d’une cérémonie funèbre sous prétexte que les membres de la famille du défunt ne se définissent pas comme «croyants» ? Pour continuer à accompagner les personnes qui demandent un rite, les ministres doivent-ils renoncer à parler de Dieu et offrir une cérémonie où l’on ne prie pas et où l’on n’ouvre pas la bible ? Cette possibilité n’est sans doute pas à exclure totalement. Et ce ne serait là pas forcément un compromis ou une trahison ! Pourtant la préparation d’une cérémonie révèle souvent un rapport au moins aussi confus avec la «laïcité» qu’avec la foi chrétienne. A l’écoute des demandes de «laïcité» il n’est pas rare d’entendre un appel à raviver une foi qui ne demande qu’à (re)naître. C’est là, sur le fil du rasoir, que dans un esprit d’ouverture, de passion pour l’être humain et de refus de tout «compromis», les ministres offrent dans la foi et dans l’espérance qui les habitent la force de l’Amour. Une valeur aussi chrétienne que laïque non ? Marc Horisberger novembre 2011  

Une république laïque?

Pas un seul texte du Nouveau Testament dans le tout nouveau manuel genevois dévolu à l’enseignement du fait religieux à l’école ! On y trouve des textes du Coran, de la Bible hébraïque, de l’épopée de Gilgamesh, de l’Odyssée ou du Livre des Morts égyptien, mais pas une ligne des Evangiles ou des Epîtres. Et pourtant le manuel aborde le sujet de la mort et des représentations de l’au-delà. Mais pour ses auteurs, la résurrection est une notion « trop compliquée » pour des enfants de 12 ans, bien plus que celle de la réincarnation! Calvin doit se retourner dans sa tombe et l’apôtre Paul regretter de ne pas avoir écrit une épître aux Genevois du XXIe siècle. Du côté des chefs de la République on se défend comme on peut, assurant que les recueils encore en préparation pour les élèves de 10e et 11e année feront place aux textes fondateurs de la foi chrétienne. Ouf ! Mais on n’est qu’à moitié rassuré. Car la tendance - au nom de la «laïcité» - à l’oubli systématique des racines chrétiennes de notre pays et plus largement de la «vieille Europe» semble plus profonde. La Commission européenne n’a-t-elle pas, cette année, publié et distribué à plus de trois millions d’exemplaires un agenda qui mentionne les dates clés et les fêtes des principales religions en oubliant néanmoins toutes les fêtes chrétiennes ! Oubli ? Acte manqué ? Volonté politique ? Erreur de jugement ? Alors que l’immigration musulmane pose un réel problème politique et identitaire en Europe et que les sept couleurs de l’arc-en-ciel ne suffisent plus à définir le nouveau « paysage religieux » de Suisse, une méconnaissance de la foi et de la culture chrétienne pourraient bien marquer la fin de notre civilisation. La fin de l’humanisme et de la liberté individuelle. La fin du pluralisme qui en découle. La fin de cette capacité à faire de la critique – sociale, politique, scientifique, artistique et …religieuse – une valeur positive. La préservation d’un enseignement de qualité faisant pleinement droit aux sources chrétiennes de notre civilisation garantira mieux les valeurs de la république laïque que l’analphabétisme qui s’installe sous couvert de neutralité. Une neutralité qui ne relègue même plus le christianisme au rang de curiosité ethnologique à citer dans un enseignement prétendument « comparatif » des religions. En ne reniant pas l’une de ses sources, la république laïque aura tout à y gagner à commencer par la compréhension du mot «laïque». Marc Horisberger Novembre 2011

Monter Descendre
Méditation sur l'Ascension et la Pentecôte

18 m / s. Dix-huit mètres par seconde. La vitesse à laquelle le Christ ressuscité est monté au ciel ? Que nenni ! La vitesse des deux ascenseurs les plus rapides du monde, joyaux de la tour Burj Khalifa à Dubai qui haute de 828m est équipée de 57 ascenseurs dont ces deux-là. Mais pas besoin d’aller à Dubai pour emprunter le moyen de transport le plus utilisé par les humains depuis la deuxième moitié du 20e siècle. Prendre l’ascenseur est devenu un acte du quotidien et la seule question qui se pose, bien souvent, est de savoir si l’ascenseur monte ou si l’ascenseur descend. En fait c’est un peu la même question que celle qui se pose à celui qui médite le mystère de l’Ascension et celui de la Pentecôte et plus largement le mystère de la foi : où trouver Dieu ? Où rencontrer le Ressuscité ? En haut ? En bas ? Le poète qui a composé le psaume 139 aurait encore ajouté : en volant vers l’est ? Ou en navigant vers l’ouest ? A l’heure où l’on sait que la terre est une fragile planète suspendue dans le vide, ces questions nous semble plutôt être le reflet d’un être humain limité désenchanté et désorienté… comme le sont les disciples qui le nez en l’air ne voient pas les deux hommes en blanc qui se trouvent à leur côté: inutile de chercher Jésus «au ciel». Inutile de bâtir des tours pour rejoindre Dieu ou de chercher à s’élever au moyen d’échelle ou d’ascenseur fut-il "spatial". Car Il est là. Parmi nous, avec nous, à notre côté, justement ! Et s’il descend, c’est avec nous, comme avec les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs. Il descend dans nos obscurités, dans nos accablements, dans nos désespoirs. S’il descend, c’est avec nous, comme il descend sur les disciples à Pentecôte comme une flamme qui éclaire et réchauffe, réveille et brûle… Et s’il monte, c’est encore avec nous, pour nous entraîner sur le chemin de la foi et de l’espérance, sur le chemin du témoignage et de l’amour. Le psalmiste en avait déjà l’intuition : Dieu ne se situe pas dans les dimensions spatio-temporelles propres à la vie humaine, il est la Présence qui soutient la vie, la Présence à côté de ma vie, la Présence dans ma vie. Les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte ne disent pas autre chose.

Ci-contre
Le 28 mars 2011, Alain Robert surnommé le "Spiderman
français" escalade la plus haute tour du monde
le Burj Khalifa à Dubaï
http://www.alainrobert.com

Ci-dessous: La NASA a organisé un concours ayant pour objectif la conception d'un câble en nanotubes, le Tether Challenge. Ce concours a offert en 2008 un prix d'un million de dollars à l'équipe qui proposera le câble en nanotubes le plus résistant, pourvu qu'il soit au moins deux fois meilleur que le meilleur câble sur le marchéSi les nanotubes en carbone tiennent leurs promesses, l'inauguration du premier ascenseur spatial pourrait théoriquement intervenir dès 2020 ou 2030. Une estimation du coût a déjà été faite : environ 12 milliards de dollars, soit moins cher que le tunnel sous la Manche. Selon l'ISEC, chaque kilo mis en orbite reviendra à quelques dizaines de dollars, contre 20 000 pour un lancement avec une fusée Titan ou Ariane.

Il y a quelques jours, je prenais le café avec le personnel d’un EMS lorsque la conversation est arrivée sur le sujet des requérants d’asile et d’une manière plus large sur la place des étrangers en Suisse. Un petit bruissement agitait le groupe pendant que l’on parlait ensemble lorsque soudain quelqu’un me dit : « l’étranger ici c’est vous » ! Après vérification des nationalités de chacun il s’est avéré qu’en effet, j’étais le seul Suisse autour de la table. Et aussi bien entendu le seul protestant. Etranger dans son propre pays, minoritaire au plan de l’appartenance confessionnelle dans un pays où il n’y a pas si longtemps les protestants vaudois étaient largement majoritaires ! Pour certains de mes contemporains, cela doit sans doute ressembler à un cauchemar. Moi je trouve cela passionnant, comme un beau défi à relever pour mon pays et pour mon église! Comment accueillir ces nouveaux venus, comment leur transmettre ce qui nous tient le plus à cœur. Et je me rappelle aussi que les quatre grands Réformateurs de Genève représentés sur le mur qui porte leur nom étaient tous « étrangers ». Et je me rappelle que Jésus n’était ni vaudois ni protestant. Et je me rappelle que le « bon Samaritain » de la parabole traînait avec lui le même cortège de préjugés que beaucoup d’étrangers dans mon pays qui pourtant sont nombreux à accomplir comme lui, les mêmes gestes d’amour dans les hôpitaux ou les EMS. Et je me rappelle que la Terre est toujours promise, jamais acquise, toujours prêtée, jamais donnée. Et je me rappelle que chacun, Suisse ou étranger est fils et fille d’un même Père, d’un même Dieu d’amour. Car Dieu n’a pas de religion, il est amour.

Mourir seul

Un homme de 56 est mort dans son appartement et 18 mois ont passé sans que personne ne s’inquiète de sa disparition.

Ainsi va la vie, quand les morts payent leur loyer sans sourciller, par Services sociaux interposés, que la famille prend ses distances pour ne pas se laisser « plomber » moralement, que les copains pensent qu’il est parti en cure et que les voisins ne sentent rien à force d’être habitué aux odeurs…

On peut mourir seul sans que cela ne soit la «faute» de personne… Ou bien c’est celle de tout le monde, de l’Etat, de la Poste, de la Régie et de vous et de moi !

Suis-je le gardien de mon frère ? On connaît la célèbre réplique de Caïn à Dieu qui lui demande où est Abel (Genèse 4 :9). Comme souvent dans la Bible, la réponse n’est pas donnée directement. Dieu ne répond pas «oui» pas plus qu’il ne dit «non». En guise de réponse il pose une nouvelle question : Qu’as-tu fait  de ton frère ! Bien sûr la «faute» de Caïn est évidente : il a éliminé physiquement un frère gênant et il le sait bien. Rien à voir avec notre homme mort dans le silence et l’abandon, une mort qui était peut-être le fruit pourri d’une vie manquée !

Mais la question demeure : que faisons-nous de nos frères et sœurs ? Des membres de notre famille, de ceux que nous côtoyons tous les jours, de ceux que la maladie ou l’âge isole et même de ceux qui, à nos yeux, ont une vie vide de sens, d’amitié et d’amour ?

Poser une question n’est pas porter un jugement ! Le verdict clôt un procès, mais la question ouvre un chemin. Qu’as-tu fait de ton frère ? En posant cette question Dieu nous renvoie à nos actes, passés et futurs… Il nous invite à prendre soin les uns des autres et plus particulièrement de ceux qui vivent autrement, seuls ou «en marge».

Sentiers de montagne, sentiers de vie

Moi j’aime bien la montagne, j’aime ses sentiers. J’aime les chemins où  il n’y a pas de voiture, même pas de VTT (vélo tout terrain) ou de mountain bike. Vous savez ses sentiers qui traversent les forêts, puis les pâturages et qui nous conduisent vers la cabane, dernière halte avant le sommet qu’on entreprendra à l’aube. Lorsqu’on s’élève, la fureur de la «civilisation» s’estompe et c’est la grâce du silence qui nous touche. Un silence tout juste déchiré par le cri d’un chouca qui frappe nos oreilles comme le petit pincement qui nous fait comprendre que le rêve est réalité. J’aime ces sentiers qui nous mènent vers les plus grands espaces avec un ciel immense qui commence tout là-bas en bas dans la vallée qui ressemble à la maquette de chemin de fer de mon grand-père. A la largeur et à la longueur vient s’ajouter la profondeur du ciel qui m’attire et met mon être en éveil. «Je suis le chemin» dit Jésus dans l’Evangile de Jean (14 :6). Sûrement pas une autoroute, mais plutôt ce sentier que j’emprunte aux beaux jours de l’été et qui me mène où je ne me sentais pas la force ou le courage d’aller. Un chemin qui me précède et qui s’ouvre devant moi, mais surtout un chemin qui me porte, terre ferme et balisée sous mes pas parfois chancelants et fatigués. Un sentier étroit peut-être, mais qui une fois parcouru, rend sûr et fort et décidé. Un chemin qui au fur et à mesure qu’il se resserre, élargit le coeur porté par l'espérance. A vous tous qui parcourez les sentiers de nos montagnes cet été, et à vous qui, retenus par la maladie, le handicap ou la vieillesse poursuivez avec courage votre chemin de vie, je souhaite de faire l’expérience de la présence de celui qui a dit « Je suis le chemin ».

 -   Bonjour François*, comment allez-vous aujourd’hui ?

-   J’en ai marre !

-   Je comprends ça, c’est pour cela que je suis là !

-   Oui, il faut s’entraider !

Après ces deux phrases, sorties très clairement de la bouche de ce résident en EMS, la «conversation» sera bien confuse. Cela fait déjà deux ans que François dégringole. Je l’avais rencontré il y a déjà quelques années : un homme plein d’énergie, intelligent, efficace dans son entreprise. Maintenant «il n’est plus que l’ombre de lui-même» comme disent ce qui lui reste d’amis qui viennent encore le voir, à compter sur les doigts d’une seule main. La prise de conscience de sa maladie le fait souffrir, alors il s’évade. Il se recroqueville psychiquement et physiquement. Avec parfois quelques retour brefs à la lucidité.

Combien sont-ils dans notre pays, dans notre région entre Vevey et Montreux, dans les EMS, dans les institutions spécialisées, dans les hôpitaux, mais aussi dans un modeste appartement ou dans la rue à dire «J’en ai marre!». Combien sont-ils à avoir perdu le bien-être procuré par une bonne santé ou une situation matérielle saine. La solitude, l’incertitude, les souffrances physiques ou psychiques, la mort, sont des réalités que nous avons de la peine à regarder en face. Depuis six ans, L’Eglise réformée du Canton de Vaud a décidé de renforcer sa présence auprès de tous ceux qui «en ont marre». Aujourd’hui, au Centre oecuménique de Vassin à La Tour-de-Peilz, deux pasteurs et deux diacres seront installés comme ministres du tout nouveau Service interrégional Présence et Solidarité des Régions de Vevey-Montreux. Ils partageront un ministère d’écoute et de solidarité. Simple présence, soutien humain et spirituel, accompagnement ponctuel, parfois matériel, dans des situations difficiles, cette équipe qui travaille avec les paroisses mais pas «en paroisse» offrira ses services à l’ensemble de la population. Pour mettre des couleurs d'amour, de solidarité et d'espérance sur la grisaille d’une vie parfois trop lourde à porter. C’est ainsi que l’on honorera l’ultime parole lucide de François :

 - Il faut s’entraider!

* Prénom d’emprunt

L’homosexualité : un fait et un mystère

Ainsi l’Espagne vient d’accorder le droit aux homosexuels non seulement de se marier, mais encore d’adopter des enfants. Cette décision fait l’effet d’une bombe dans toute l’Europe. Elle établit aussi le bien-fondé de la consultation du Conseil synodal auprès des membres de l’Eglise réformée vaudoise. Une consultation qui porte sur l’accueil de personnes homosexuelles dans l’Eglise, la consécration au ministère de pasteurs ou diacres homosexuels et le mariage de couples gays ou lesbiennes. Un débat difficile parce qu’il touche à la question de notre intimité et de notre identité mais aussi à une certaine manière de lire la Bible. Certains disent : on ne voit pas pourquoi il faudrait discuter ce thème, la Bible condamne de manière très claire l’homosexualité. D’autres disent : on ne voit pas pourquoi il faudrait discuter ce thème, la Bible dit très clairement que l’homme est sauvé, non par l’application d’une loi (même divine) mais par la grâce, l’amour gratuit de Dieu, par le moyen de la foi. En « utilisant » ainsi les Ecritures pour légitimer une opinion souvent déjà bien arrêtée, le risque est grand de demander à Bible de jouer le rôle du réverbère pour l’ivrogne : il le soutient plus qu’il ne l’éclaire. Mon expérience pastorale m’a fait découvrir que si le livre de la Bible est essentiel pour le chrétien, il existe un autre livre non moins fondamental: le grand livre de la vie, qui me parle de l’homosexualité comme d’un fait et un d’un mystère et non d’un choix, d’une perversion ou d’une maladie. Aujourd’hui, l’Eglise et les chrétiens ne devraient pas nier cette réalité. Grâce aux sciences humaines qui offrent une meilleure compréhension du mystère humain et une plus grande écoute des personnes concernées par l’homosexualité, elle peut aujourd’hui mieux qu’autrefois, dépasser les interdits archaïques qui excluaient d’une manière systématique et violente des hommes et des femmes ressentant au-dedans d’eux-mêmes une attirance irrépressible pour des personnes de même sexe. Le Christ de l’Evangile lui-même n’a-t-il pas offert à plusieurs reprises l’exemple d’un dépassement de la loi au nom de la vie et de l’amour. Il a remis en place par la même occasion ses adversaires en les obligeant à un retour sur leur propre manière de croire, d’agir et de vivre leurs désirs, leurs fantasmes et leur sexualité.   Marc Horisberger   octobre 2004

L’affaire des caricatures du prophète Mahomet n’en finit pas de secouer le monde. Un vrai «tsunami» politico-religieux, qui laisse l’Occident désemparé. Depuis longtemps la majorité de nos contemporains ont perdu le sens du religieux. Et nos contemporains sont tout surpris de voir le «foin» que font les Musulmans autour de ces caricatures, maladroites peut-être, mais au fond pas plus illégitimes à leurs yeux, que celles qui brocardent le pape, l’Eglise ou même le Christ. A ce propos, la plus ancienne représentation du Christ en croix connue à ce jour est justement une caricature! Un graffiti retrouvé dans les catacombes de Rome qui représente un enfant devant un crucifié à tête d’âne avec l’inscription : «Alexandre adore son Dieu»! Que cette représentation nous soit parvenue montre à quel point les premiers chrétiens se sont fait un point d’honneur de cultiver la dérision. Au lieu d’effacer ce graffiti choquant, ils l’ont conservé ! Au lieu de s’en offusquer, ils en ont bien plutôt rajouté ! Car dans la Bible, l’âne brimé, raillé, humilié, parle et se montre plus clairvoyant que le prophète et voyant Balaam. Et le jour des Rameaux, c’est lui qui porte le Messie, le Fils de Dieu! L’attitude des premiers chrétiens face à cette caricature révèle un trait fondamental de la foi chrétienne qui est une instance de désacralisation. La foi vivante combat, au nom de Dieu, tout ce qui  s’arroge une valeur absolue, sacrée. Transposée dans notre affaire, cela revient à dire que le Prophète, le Coran et l’Islam sont respectables, mais qu’ils ne peuvent être imposés de manière autoritaire à toute une société, pas plus que la Bible l’Eglise ou les valeurs chrétiennes. S’il existe un absolu, c’est Dieu. Un Dieu vivant qui échappe à tous les systèmes et à toutes les religions, à l’Islam aussi bien qu’au Christianisme. Et la foi devrait être le meilleur antidote à la sacralisation d’une religion ou d’une idée, car elle est chemin, recherche, désir de Dieu. L’affaire des caricatures doit nous faire prendre conscience du chemin parcouru. Nos sociétés occidentales bénéficient depuis longtemps des fruits de la désacralisation et la liberté, l’humour et la plaisanterie en sont quelques uns parmi d’autres. Sachons tenir à distance de tout ce qui pourrait nous remettre sous le joug d’une religion ou d’une idée jugée sacrée et continuons à savoir rire des autres et surtout… de nous! 

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